<135>laquelle Platon avait cru cacher quelques vérités trop dangereuses à publier.
Durant l'adolescence de l'Église, pendant les premiers siècles, les puissants de l'empire, et ceux qui le gouvernaient, étant païens, les promoteurs d'une secte encore obscure ne pouvaient avoir de pouvoir; d'où il résultait nécessairement que le gouvernement de l'Église n'avait qu'une forme républicaine; que, généralement parlant, les opinions n'étaient point gênées; et que, malgré une variété infinie de sentiments, les chrétiens communiquaient entre eux. Ce n'est pas à dire que l'esprit obstiné de quelque prêtre ne soutînt opiniâtrément sa croyance, et ne se roidît contre ses contradicteurs. Mais ce zèle se bornait à de simples disputes, et comme ces ecclésiastiques manquaient de puissance pour persécuter, ils manquaient de moyens pour contraindre leurs adversaires à penser comme eux.
Vers le commencement du quatrième siècle, lorsque Constantin, par politique, se déclara protecteur de l'Église, tout changea. A peine fut-il assuré sur le trône, qu'il convoqua un concile œcuménique à Nicée. Des Pères qui le composaient, il s'en trouva trois cents d'une opinion contraire à celle d'Arius; ce furent ceux qui déclarèrent et reconnurent nettement la divinité de Jésus-Christ; ils ajoutèrent au symbole les mots de consubstantiel au Père, et finirent par anathématiser les ariens. Ainsi de concile en concile on vit éclore de nouveaux dogmes. Ce fut à celui de Chalcédoinea que le Saint-Esprit eut son tour : les Pères qui le composaient, auraient cependant trouvé plus d'une difficulté à ajouter cette troisième personne à la divinité du Père et du Fils, si quelque prêtre plus rusé, plus fourbe qu'eux, ne leur en eût fourni l'expédient, en ajoutant un passage, qu'il avait imaginé pour cette fin, au commencement de l'Évangile selon saint Jean : « Au commencement était la parole, et la parole était avec Dieu, et cette parole était Dieu,a etc. » Toute grossière que paraîtrait cette imposture de nos temps, elle ne l'était pas alors. Le dépôt de la foi et des Écritures avait déjà passé du peuple entre les mains des
a Le Roi veut parler du concile assemblé à Constantinople en 381.
a C'est une méprise. Le Roi veut dire que le passage sur la Trinité, I Jean, V, 7, a été interpolé.