<143>logie, que personne ne peut lire. Toutefois de grands hommes parurent en chaque parti, et des chaires que la fainéantise et l'ignorance avaient remplies, furent occupées par des docteurs d'un mérite éminent.
Tel fut le bien que produisit la réforme. Si nous le comparons aux maux qu'elle causa, il faut convenir que le bénéfice qui nous en revient, a été chèrement acheté. Dans toute l'Europe, les esprits étaient en fermentation : les laïques examinaient ce qu'ils avaient adoré, les évêques et les abbés craignaient la perte de leurs revenus, les papes, celle de leur autorité, et tout le monde prit feu. Rien de plus acharné ni de plus impitoyable que la haine théologique : cette haine, se mêlant à la politique des souverains, occasionna ces guerres qui ravagèrent tant d'empires; des torrents de sang inondèrent l'Allemagne, la France et les Pays-Bas; ce ne fut qu'après des succès longtemps balancés, après toutes les horreurs que la méchanceté des hommes, abandonnée à elle-même et jointe au fanatisme, peut commettre, qu'au milieu des débris fumants de leur patrie, l'Allemagne et la Hollande acquirent ce bien inestimable, la liberté de penser. Depuis, tout le Nord suivit leur exemple.
Qui ne voit pas, en parcourant cette histoire de l'Église, que c'est l'ouvrage des hommes? Quel pitoyable rôle font-ils jouer à Dieu! Il envoie son fils unique dans le monde; ce fils est Dieu; il s'immole à lui-même pour se réconcilier avec sa créature; il se fait homme pour corriger le genre humain perverti. Que résulte-t-il d'un aussi grand sacrifice? Le monde reste aussi corrompu qu'il était avant son avénement. Ce Dieu qui dit, « Que la lumière soit, » et la lumière fut, se servira-t-il de moyens insuffisants pour parvenir à ses fins adorables? Un simple acte de sa volonté suffit pour bannir le mal moral et physique de l'univers, pour inspirer telle croyance qu'il lui plaît aux nations, et pour les rendre heureuses par des voies que lui fournit sa toute-puissance. Il n'y a que des esprits étroits et bornés qui osent attribuer à Dieu une conduite si indigne de sa providence adorable, en lui faisant entreprendre, par la voie des plus grands miracles, un ouvrage qui ne lui réussit pas. Ces mêmes hommes qui ont de l'Être suprême des idées si incohérentes, introduisent à chaque