<98>accusée de pédanterie, parce que nous avons eu une foule de commentateurs vétilleurs et pesants. Pour se laver de ce reproche, on commence à négliger l'étude des langues savantes; et afin de ne point passer pour pédant, on va devenir superficiel. Peu de nos savants peuvent lire sans difficulté les auteurs classiques tant grecs que latins. Si l'on veut se former l'oreille à l'harmonie des vers d'Homère, il faut pouvoir le lire coulamment sans le secours d'un dictionnaire. J'en dis autant au sujet de Démosthène, d'Aristote, de Thucydide et de Platon. Il en est de même pour se rendre familière la connaissance des auteurs latins. La jeunesse, à présent, ne s'applique presque pas du tout au grec, et peu apprennent assez le latin pour traduire médiocrement les ouvrages des grands hommes qui ont honoré le siècle d'Auguste. Ce sont cependant là les sources abondantes où les Italiens, les Français et les Anglais, nos devanciers, ont puisé leurs connaissances; ils se sont formés autant qu'ils ont pu sur ces grands modèles; ils se sont approprié leur façon de penser; et en admirant les grandes beautés dont les ouvrages des anciens fourmillent, ils n'ont pas négligé d'en apprécier les défauts. Il faut estimer avec discernement, et ne jamais s'abandonner à une adulation aveugle. Ces heureux jours dont les Italiens, les Français et les Anglais ont joui avant nous, commencent maintenant à décliner sensiblement. Le public est rassasié des chefs-d'œuvre qui ont paru; les connaissances, étant plus répandues, sont moins estimées; enfin, ces nations se croient en possession de la gloire que leurs auteurs leur ont acquise, et elles s'endorment sur leurs lauriers. Mais je ne sais comment cette digression m'a égaré de mon sujet. Retournons à nos foyers, et continuons encore à examiner ce qui s'y trouve de défectueux à l'égard de nos études.
Je crois remarquer que le petit nombre de bons et d'habiles instituteurs qui se trouvent, ne répond pas aux besoins des écoles; nous en avons beaucoup, et toutes veulent être pourvues. Si les maîtres sont pédants, leur esprit vétilleur s'appesantit sur des bagatelles, et néglige les choses principales. Longs, diffus, ennuyeux, vides de choses dans leurs instructions, ils excèdent leurs écoliers, et leur inspirent du dégoût pour les études. D'autres recteurs s'acquittent de leur emploi en mercenaires : que leurs