<XIV>vers la fin de l'année 1765 qu'on acheva l'impression de l'Extrait du Dictionnaire historique et critique de Bayle, divisé en deux volumes, avec une Préface. Voici comment Voltaire en parle au Roi dans sa lettre du 1er février 1766 : « Ce rude hiver m'a presque tué; j'étais tout près d'aller trouver Bayle, et de le féliciter d'avoir eu un éditeur qui a encore plus de réputation que lui dans plus d'un genre; il aurait sûrement plaisanté avec moi de ce que Votre Majesté en a usé avec lui comme Jurieu; elle a tronqué l'article David. Je vois bien qu'on a imprimé l'ouvrage sur la seconde édition de Bayle. » Le 25 novembre 1766, Frédéric écrit à Voltaire : « Cet Extrait du Dictionnaire de Bayle dont vous me parlez, est de moi. Je m'y étais occupé dans un temps où j'avais beaucoup d'affaires : l'édition s'en est ressentie. On en prépare à présent une nouvelle, où les articles des courtisanes seront remplacés par ceux d'Ovide et de Lucrèce, et dans laquelle on restituera le bon article de David. » Cet article fut en effet rétabli dans la réimpression de l'ouvrage, qui parut à Berlin, chez Voss, 1767, grand in-8, avec le portrait de Bayle. Le frontispice porte les mots Nouvelle édition augmentée. Nous reproduisons le texte même de l'Avant-propos placé en tête de cette Nouvelle édition augmentée.
Charles Dantal, le dernier lecteur du Roi, rapporte, dans son livre intitulé, Les délassements littéraires, ou Heures de lecture de Frédéric II. Elbing, 1791, p. 35 et 108, qu'il a lu au Roi, en décembre 1785, « l'Extrait du Dictionnaire de Bayle que le Roi avait fait lui-même. » Il faut remarquer que, dès sa jeunesse, avant sa correspondance avec Voltaire, Frédéric était grand admirateur de Bayle, dont il se nomme l'écolier en raison, dans une lettre écrite à Jordan quelques jours après la bataille de Chotusitz.
L'Extrait de Fleury parut sous le titre de : Abrégé de l'Histoire ecclésiastique de Fleury. Traduit de l'anglais. A Berne, 1766. Deux parties in-8, avec le portrait de Claude Fleury. Il fut publié au mois de mai 1766; mais il n'est pas traduit de l'anglais, et parut, non à Berne, mais à Berlin. Dirigé contre les atroces persécutions du clergé catholique de France, il causa un vif plaisir aux amis littéraires du Roi, qui gémissaient du sort funeste des Calas, des Sirven et du chevalier de La Barre. Cet ouvrage fut brûlé à Berne