« <241>cordialement vos concitoyens, et de vous intéresser avec un attachement véritable à ce qui leur est avantageux; ils sont mes membres, ils sont moi-même, vous ne pouvez les aimer sans aimer votre patrie. Mais vos cœurs endurcis et farouches n'estiment pas le prix de mes bienfaits. Une folie effrénée qui s'est emparée de vos sens vous dirige. Vous désirez de vous séparer de la société, de vous isoler, de rompre tous les nœuds qui vous doivent attacher à moi. Quand la patrie fait tout pour vous, ne ferez-vous rien pour elle? Rebelles à tous mes soins, sourds à toutes mes représentations, rien ne pourra-t-il ni fléchir ni amollir vos cœurs de bronze? Rentrez en vous-mêmes; que l'avantage de vos parents, que vos véritables intérêts vous touchent; que le devoir et la reconnaissance s'y joignent, et conduisez-vous désormais envers moi selon que l'exige de vous la vertu, le soin de votre honneur et de la gloire. » Pour moi, je lui répondrais, en m'élançant vers elle : « Mon cœur, vivement touché de tendresse et de reconnaissance, n'avait pas besoin de vous voir et de vous entendre pour vous aimer. Oui, je confesse que je vous dois tout; aussi vous suis-je aussi indissolublement que tendrement attaché; mon amour et ma reconnaissance n'auront de fin qu'avec ma vie; cette vie même est votre bien; quand vous me la redemanderez, je vous la sacrifierai avec plaisir. Mourir pour vous, c'est vivre éternellement dans la mémoire des hommes; je ne puis vous servir sans me combler de gloire. »
Pardonnez, mon cher ami, ce mouvement d'enthousiasme où mon zèle m'emporte. Vous voyez mon âme toute nue. Et comment vous cacherais-je ce que je sens si vivement? Pesez mes paroles, examinez tout ce que je vous ai dit, et je crois que vous conviendrez avec moi qu'il n'est rien de plus sage ni de plus vertueux que d'aimer véritablement sa patrie. Laissons à part les imbéciles et les aveugles, dont l'impuissance saute aux yeux. A l'égard des vieillards et des personnes infirmes, quoiqu'elles ne puissent pas agir pour le bien de la société, elles doivent pourtant conserver pour leur patrie ce tendre attachement que des fils ont pour leur père, partager ses pertes et ses succès, et faire au moins des vœux pour sa prospérité. Si notre condition