<103>tomber les choses dans un état désespéré, dont toute la prudence humaine et les effortsles plus considérables ne sauraient les retirer dans la suite, je me suis vu forcé d'avoir recours à des remèdes qui, quelque violents qu'ils puissent paraître au premier coup d'œil, n'ont en vue que le véritable bien public, l'équilibre de l'Europe, la conservation du système de l'Empire, la liberté del'Allemagne, et le seul et véritable salut des tristes débris de la maison d'Autriche.
C'est dans cette vue-là, et pour d'autres raisons très valables que je manifesterai en son temps, que j'ai pris la résolution de faire entrer un corps de troupes en Silésie, non seulement pour empêcherque d'autres dans les conjonctures présentes ne s'emparent d'une province qui fait la barrière et la sûreté de mes États, mais aussi pour être par là plus à portée de secourir la maison d'Autriche et de la sauver de la ruine dont elle est menacée.
Si on veut reconnaître en cela lapureté de mes sentiments et intentions à Vienne, en réfléchissant sur la fâcheuse situation où l'on s'y trouve, et qui ne lui laisse d'autre ressource que celle d'opter entre le parti désespéré de se jeter entre les bras de la France et celui de s'en remettre à moi, on conviendra facilement qu'on ne saurait trouver nulle part son compte mieux qu'avec moi, et voici ce que j'offre de faire pour le bien de la reine de Hongrie et de Bohême et du ducde Lorraine, son époux:
1° Je suis prêt de garantir de toutes mes forces tous les États que la maison d'Autriche possède en Allemagne, contre quiconque voudra les envahir.
2° J'entrerai là-dessus dans une alliance étroite avec la cour de Vienne, celle de la Russie et les Puissances maritimes.
3° J'emploierai tout mon crédit à faire parvenir le duc de Lorraine à la dignité impériale et à soutenir son élection contra quoscunque. Je pourrais même dire, sans risquer trop, que je me fais fort d'y réussir.
4° Pour mettre la cour de Vienne en état et bonne posture de défense, je lui fournirai d'abord en argent comptant deux millions de florins; et je pourrai même aller jusqu'à trois, ce qu'il faudra pourtant ménager dans le commencement, et marchander là-dessus le plus qu'il est possible.
Vous sentez bien que pour des servicesaussi essentiels que ceux auxquels je m'engage par les conditions très onéreuses, marquées cidessus, il me faut une récompense proportionnée, et une sûreté convenable pour un dédommagement de tous les risques que je cours, et du rôle dont je veux bien me charger. En un mot, c'est la cession entière et totale de toute la Silésie que je demande d'abord pour prix de mes peines et des dangers que je vais courir dans la carrière où j'entre pour le service de la maison d'Autriche.