<29>veut gagner temps que le roi d'Angleterre soit reparti d'Hanovre, pour nous amuser; il faut les frustrer de cet avantage, et les faire expliquer encore plus clair, afin que nous sachions précisement à quoi nous en tenir. Parlez de la nullité de l'article 4, auquel la France n'avait point satisfait, et serrez-leur le bouton, car il est absolument nécessaire de terminer cette négociation avant la mort du vieux bonhomme.1
Tâchez aussi de pénétrer ce que le ministère pense de notre augmentation, s'ils en prennent ombrage ou s'ils considèrent ce phénomène comme une chose qui ne saurait causer des scrupules au très scrupuleux Cardinal.
En un mot, mon avis est qu'après les avoir pris de toutes les manières pour réussir, et après avoir tout tenté, il faut se retirer sans bruit et sans les ombrager, et prendre parti ailleurs; mais j'avoue que si nous pouvons réussir à Versailles, cela vaudra mieux qu'à Londres.
Quand vous aurez appris quelque chose de plus positif, je vous prie de m'en avertir par courrier, car il faut que mon hémisphère se débrouille, et que dans peu nous voyions clair tout alentour de nous. Adieu, cher et digne Camas, secondez toujours mes intentions par vos soins et votre habileté, etje serai sûr de ne pouvoir remettre mes affaires en de meilleures mains. Adieu, je suis à jamais votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
45. AU CONSEILLER PRIVÉ D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Berlin, 6 août 1740.
J'aurais fort souhaité que la cour de Russie eût voulu s'ouvrir la première sur les engagements où elle souhaite d'entrer avec moi, à l'occasion du renouvellement des alliances qu'elle paraît désirer. Il était même naturel qu'elle m'en fit les premières propositions, puisque c'est elle qui s'est départie la première de l'ancien système qu'elle avait établi avec le feu Roi mon père par rapport aux affaires de Pologne. Mais voyant, par le récit de l'entretien que vous avez eu à ce sujet avec le ducde Courlande, qu'il y a peu d'espérance d'y porter les ministres de l'Impératrice, et étant d'ailleurs sincèrement intentionné de renouveler les liaisons qui ont subsisté ci-devant entre ma couronne et celle de Russie, et de les resserrer par de nouveaux nœuds, j'ai passé par dessus ces formalités pour presser d'autant plus la conclusion d'un ouvrage aussi salutaire, en vous chargeant par celle-ci d'en faire les premières avances, conformément au conseil que le duc de Courlande m'endonne, espérant que par le crédit supérieur qu'il a auprès de l'Impératrice, il fera en sorte que je n'aie pas lieu de me repentir de cette démarche.
1 Der Churfürst von der Pfalz.