Je vous envoie donc ci-joint le projet du traité d'alliance et de trois articles séparés, que vous offrirez tant au duc de Courlande qu'au comte d'Ostermann, en faisant tous vos efforts, pour les leur faire agréer simplement de la manière qu'ils sont couchés.
Quant au traité principal, de même qu'à l'égard des articles séparés qui regardent les affaires de Pologne, j'espère qu'ils ne trouveront pas beaucoup de difficulté, le contenu des uns et des autres étant entièrement conforme à ce qui est disposé sur ce sujet dans les alliances que le feu Roi mon père a faites avec la Russie.
Mais je doute que la cour de Pétersbourg donne si facilement les mains à l'engagement que je lui demande par le premier article secret, pour me garantir la succession de Juliers et de Bergue. Cependant, comme c'est le principal et presque l'unique objet qui me détermine à conclure cette alliance, je me promets de votre dextérité que les représentations que vous ferez sur ce sujetaux ministres de Russie ne seront pas infructueuses, et je ne désespère pas que vous ne leur fassiez accepter simplement l'article en question, sans m'engager réciproquement à des garanties onéreuses. C'est à quoi vous travaillerez d'abord avec toute l'application imaginable, en remontrant aux ministres russiens que c'est-là l'unique avantage que je puis tirer pour le présent de cette alliance, qui d'ailleurs ne pourra que déplaire infiniment àla France et à la Suède, et me faire regarder de mauvais œil par ces deux puissances; de sorte que mon alliance étant à certains égards d'une plus grande importance à Sa Majesté l'Impératrice que ne m'était la sienne dans la conjoncture présente, j'espére que, pour rendre les choses plus égales, elle ne me refuserait pas le seul bien qui pourrait m'en revenir: considération que vous ne manquerez pas d'appuyer par d'autres réflexions, que vous suggérera la connaissance que vousavez de la situation des affaires de là-bas, et de la disposition où se trouvent les principaux seigneurs de la cour.
Cependant, si toutes ces remontrances et tentatives sont inutiles, et que vous voyiez clairement qu'il est absolument impossible de faire agréer sur ce pied-là aux ministres de Russie l'article en question, jevous permets d'offrir de ma part réciproquement au duc de Courlande la garantie de ce duché, pour lui et pour sa famille. Vous ne lui proposerez pourtant la chose d'abord qu'en secret, et avec toute la circonspection requise, afin qu'il ne puisse en faire un mauvais usage, en cas qu'il ait déjà pris sur ce sujet des liaisons opposées à mes intérêts. Mais si vous remarquez qu'il en goûte la proposition, et qu'il pourrait en faveur decette garantie me faire obtenir celle de l'Impératrice pour la succession de Juliers et de Bergue, vous n'oublierez rien pour l'affermir dans ces bons sentiments, et vous lui ferez sentir que c'est là le moyen le plus efficace, et pour ainsi dire l'unique, de transmettre sûrement à ses héritiers l'acquisition qu'il a faite du duché de Courlande. En un mot, vous employerez, pour parvenir au but que je me propose,