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J'ai porté jusqu'ici tout le fardeau sur moi, les autres en retirent les fruits; et, non contents de ces avantages, ils paraissent désirer que je fasse tout seul la guerre pour eux. C'est ce qui me semble injuste, et je vous prie, Monsieur, de faire que l'Électeur agisse avec plus de vigueur, dans un temps où il le peut, et où il ne rencontre aucune opposition devant lui.

J'ai dérobé à M. de Neipperg le passage de la Neisse, et je l'ai rejeté dans la Haute-Silésie, où je le resserre journellement. Si les Bavarois avançaient par derrière, cette armée, se trouvant environnée de tous côtés, et manquant de subsistance, périrait immanquablement en peu de semaines. En un mot, il y a cent bonnes choses à faire, qu'on néglige toutes, pour perdre le temps d'une façon impitoyable, et, quelque bonne volonté que j'aie, je ne ruinerai point mon armée, campée dans le dixième mois, pour que les autres mangent en attendant des noisettes. Vous ne trouverez rien d'injuste en ce que je vous écris, et par ma façon d'agir envers l'Électeur je pense de mériter le réciproque.

Quant au roi de France, je ne souhaite autre chose sinon que son amitié ne se ralentisse jamais pour moi; il me trouvera toujours le même, j'entends, prêt à contribuer en tout ce qui peut lui être agréable, et d'une sincérité et fidélité à toute épreuve.

Je me flatte, Monsieur, que vous êtes persuadé que rien n'égale la haute estime et la considération avec laquelle je suis à jamais, Monsieur mon Cousin, votre très fidèle ami

Federic.

Je vous envoie ci-joint une copie de la lettre que le roi d'Angleterre m'a écrite.1

Valory a vu en original la plus grande partie des pièces qu'on m'a envoyées d'Hanovre et de Vienne.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


537. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A HANOVRE.

Camp de Kalteck, 2 octobre 1741.

Monsieur mon Frère. J'espère que Votre Majesté sera contente de la façon dont je L'ai servie, et que la neutralité que Lui accorda la France ne laissera pas que de Lui être agréable. Je ne vanterai pas les soins que je me suis donnés, ni les peines que j'ai eues à faire consentir le Cardinal à cette neutralité; suffit que Votre Majesté en jouisse. J'espère que vous n'oublierez pas le service que je viens de vous rendre, qu'il augmentera les égards mutuels et le bon voisinage, et que Votre Majesté me rendra la pareille, si un cas semblable me mettait un jour dans une situation de cette nature. Pour lui ôter tout



1 D. d. Linsburg 22. September.