<75>Majesté un gage assuré de sa reconnaissance, et un équivalent proportionné des peines, des dépenses et du hasard dont Elle veut bien se charger.
Cet équivalent ne saurait être trouvé que dans le voisinage et à portée pour s'en assurer d'abord la possession. En un mot, c'est la Silésie dont Votre Majesté demande à juste titre d'être d'abord, et sans aucun délai ou renvoi, mise en possession totale et entière, moyennant quoi on pourrait offrir à la cour de Vienne:
1° d'employer tout son crédit et toutes ses forces à faire élire le grand-duc de Toscane empereur des Romains;
2° de prendre sous sa protection spéciale tous les États que la maison d'Autriche possède en Allemagne et dans les Pays-Bas, et de les garantir contra quoscunque.
Et pour faire voir Son désintéressement total, Elle pourrait offrir 3° de céder à la maison d'Autriche tous Ses droits sur la succession de Juliers et de Bergue, pour le moins aussi considérable qu'est la Silésie, et dont cette maison ne serait que trop dédommagée de la cession de cette dernière province, quand même Votre Majesté ne ferait rien de plus pour elle, quoique, dans les deux premiers articles précédents, Elle offre à se prêter à des engagements bien plusconsidérables encore.
Voilà quelle pourrait être la proposition de Votre Majesté à faire à la cour de Vienne, soit en guise de réponse aux premières ouvertures de cette cour-là, soit pour lui mettre le marché à la main, dans un temps où on n'a pointde moment à perdre.
Le meilleur véhicule, qu'il faudra pourtant réserver jusqu'à la dernière extrémité, pour faire agréer ce plan à la courde Vienne, naturellement difficile à céder un morceau d'aussi grande importance qu'estla Silésie, serait, selon nous, de lui lâcher une couple de millions pour subvenir à ses besoins les plus pressants.
S'il y a quelque chose au monde qui peut déterminer la cour de Vienne à y donner les mains, c'est l'argent, dont elle a un besoinextrême, et sans lequel elle ne saurait fournir au courant des dépenses les plus pressées. Ce moyen seul franchirait plus tous les obstacles, comme un objet présent et qui frappe d'abord, que toutes les autres promesses, garanties et offres qu'on pourrait faire. Car il est certain que la cour de Vienne se tournera d'abord du côté où elle peut attraper cette ressource indispensablement nécessaire; etquand elle devrait se jeter entre les bras de la France, elle le ferait peut-être par bigoterie, pour se sauver dès le commencement d'un naufrage où elle ne saurait manquer de périr, à moins qu'on ne l'assiste promptement avec de l'argent. En quoi il est à remarquer que la garantie susmentionnée pourrait devenir plus coûteuse à Votre Majesté, en étant obligée d'agir seule, qu'en mettant par là la cour de Vienne en état de se relever etd'agir de concert par ses propres forces. Sans compter que