<77>perfectionner et soutenir ce système, se mettre à l'abri des lunettes de la France, et conserver dans le dedans de l'Empire, contre tous les esprits brouillons, le repos intérieur, et de prendre de concert surtout avec la Russie des mesures convenables, en cas quela Suède et le Danemark, aussi bien que la Saxe et la Pologne, suscitées par la France, veuillent faire une diversion à Votre Majesté, en haine de ce plan le mieux digéré qu'il se puisse pour l'équilibre de l'Europe.
Il faudra surtout songer, tant pour la dignité de Votre Majesté que pour la promptitude et la commodité desnégociations, d'en fixer le centre dans Sa capitale; alors Elle en sera plus le maître, et y donnera le plus ou le moins d'activité qu'Elle trouvera à propos, rien n'étant au reste plus glorieux pour Elle que de se rendre l'arbitre d'une si grande affaire, qui règle la destinée de l'Europe en quelque façon.
Mais s'il n'y a pas moyen de réussir par cette route-là, soit par une obstination et éloignement invincible ou bigoterie de la part de la cour de Vienne, soit par des dispositions contraires des Puissances Maritimes, soit par d'autres difficultés, qu'on ne saurait prévoir d'abord, il en faudra choisir une toute opposée, qui consisterait, selon nos faibles idées:
1° à se concerter avec la cour de Dresde et celle de Bavière, pour soutenir leurs prétentions, et pour faire céder, en guise d'équivalent pour l'assistance de Votre Majesté, la possession de toute la Silésie dans un traité de partage à faire sous la garantie et l'assistance de la France.
2° à porter cette couronne à entrer dans ce concert de toutes ses forces, pour garantir à Votre Majesté la possession de toute la Silésie, par les diversions qu'elle peut faire par ses alliés dans l'Empire et dans le Nord, et par l'échec dans lequel elle peut tenir les Puissances Maritimes et la maisond'Autriche.
3° à remettre, à ce prix-là, et aux conditions d'une assistance réelle de la part de la France, par un ultimatum à la disposition de cette couronne les droits de succession de Votre Majesté sur les duchés de Juliers et de Bergue, bien entendu que cela soit en faveur de la maison palatine ou en celle de la Bavière, moyennant que la France garantisse à perpétuité, de la manière la plus solennelle, à Votre Majesté par tous les moyens les plus efficaces et les plus forts la possession entière et tranquille de la Silésie contra quoscunque.
5° On ne pourrait en ce cas-là guère se dispenser de se prêter aux vues de la France pour élever l'électeur de Bavière à la dignité impériale, qui en lui-même ne saurait donner de l'ombrage à Votre Majesté, et pour la facilité duquel il faudrait tâcher de gagner la pluralité des suffrages dans le collége électoral, dont la voix quel'électeur de ce nom peut se donner de lui-même, celles de l'électeur de Cologne son frère, de Votre Majesté, du Palatin, et d'un des électeurs ecclésiastiques, qu'il faudra intimider ou gagner à force d'argent, feraient l'affaire quant au nombre.