42. AU COLONEL DE CAMAS A PARIS.

Berlin, 2 août 1740.

Monsieur de Camas. J'ai bien reçu votre relation du 21 de juillet, et l'apostille y jointe, et j'y ai vu avec plaisir tout ce qui s'est passé à votre arrivée à Compiègne, et aux audiences que le Roi, la Reine, le Dauphin et le Cardinal vous ont accordées, dont j'ai lieu d'être fort satisfait.

J'ai été bien aise d'apprendre que vous êtes entré en matière touchant ce qui m'a paru mériter une réforme de la convention en question, et comment le ministre y à répondu. J'approuve votre conduite, et vous devez pousser votre pointe, suivant votre instruction, en évitant avec soin qu'on ne nous amuse point par des longueursordinaires.

Il m'importe de savoir à quoi me tenir, et vous devez faire connaître, avec toute la politesse imaginable, que, si la France veut sin<27>cèrement me lier à ses intérêts, il faudrait ménager les miens, sans perdre du temps; que la cour d'Angleterre me presse fort d'accepter le parti avantageux qu'elle m'offre, mais que je tiens ferme par un principe de l'amitié et del'attachement que j'ai pour la France; que, si celle-ci ne veut faire rien de plus pour moi que ce qu'elle a offert par le traité secret, qui même n'a pas été accepté par l'Électeur palatin, nonobstant la promesse de la France de l'y porter efficacement, on ne saurait prendre en mauvaise part, si je me trouvais forcé parlà à me donner à l'Angleterre; mais que je me flatte que l'amitié et la sagesse du Cardinal embrasseront l'occasion présente, pour m'obliger réellement dans cette affaire et dans mes autres intérêts, ce qui m'attacherait pour toujours à ceux de la France, en lui vouant toute mon amitié et une reconnaissanceéternelle. Je verrai par la réponse qu'on vous donnera ce que j'aurai à attendre, et je suis etc.

Tâchez de savoir quelque chose de positif touchant les volontés de messieurs les Français et éclaircissez les ténèbres de leur politique.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.