64. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.
Wésel, 9 septembre 1740.
Monsieur mon Cousin. Il ne fallait pas moins à Camas pour être bien reçu qu'une lettre de votre part. Je sens un véritable plaisir en les recevant, et je les lis avec la satisfaction qu'elles doivent causer naturellement, d'autant plus qu'elles me servent de gages de votre bonne santé, à laquelle toute l'Europe doit s'intéresser.
J'ai lu le mémoire que vous m'avez adressé. Quoique les raisons ne m'aient pas paru toutes alléguées dans leur force qu'on pouvait employer en ma faveur, je me flatte cependant qu'un temps viendra où elles vous paraîtront dans toute leur évidence. Il ne se peut point que vous ne trouviez une grande différence entre l'alliance de l'Électeur <43>palatin et la mienne. Les intérêts dé la France et les miens sont les mêmes, tout semble nous unir; un peu plus de bonne volonté de la part du roi de France resserrerait ces liens à jamais. Je suis persuadé que cela viendra, d'autant plus que vous ne sauriez trouver d'allié plus ferme ni plus résolu que je ne le suis. Gustave-Adolphe servit la France autrefois; mais la Suède n'est plus de nos jours ce qu'elle était alors, et ce qu'il y a de pire, c'est qu'il ne s'y trouve plus de Gustaves-Adolphes. En un mot, mon cher Cardinal, je suis plein de confiance en l'amitié de votre Roi, je prends à l'affirmative l'assurance que vous me donnez à la fin du mémoire sur lesbonnes intentions du Roi, et j'espère qu'elles augmenteront à vue d'ceil en ma faveur.
Vous trouverez peut-être ma lettre longue et bavarde; mais je vous écris avec la même sincérité que vous m'avez écrit: une ouverture de cœur exige l'autre. Je souhaiterais que vous puissiez voir dans le fond du mien, vous y liriez tousles sentiments d'estime et de la considération infinie avec laquelle je suis, Monsieur mon Cousin, votre très fidèle ami et cousin
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.