65. NOUVELLE INSTRUCTION POUR LE COLONEL DE CAMAS.
Wésel, 9 septembre 1740.
Monsieur de Camas. M'étant expliqué avec vous sur tout ce qui regarde votre négociation à la cour de France, et sur les vues que j'ai par rapport à mes intérêts, je trouve nécessaire que vous y retourniezau plus tôt pour continuer votre fonction. Voici une lettre de réponse au Cardinal, que vous lui présenterez de ma part, en l'accompagnant des protestations du monde les plus fortes et les plus polies de l'amitié et de l'estime que j'ai pour lui. Lisez sur son visage la mine qu'il fera, et quelle pourra être l'impression de ma lettre. Vous mettrez tout en œuvre pour le cajoler et le gagner, et vous lui déclarerez positivement en mon nomqu'encore que mes raisons alléguées et solides n'eussent pas pu le déterminer, dans l'affaire de Juliers et de Bergue, d'ajouter quelque chose aux conditions contenues dans la convention secrète, j'ai trop d'amitié pour le roi très chrétien et pour lui, le Cardinal, pour me départir du susdit traité, que j'observerai, me flattant que la France le fera de même et fera quelque réflexion de plus, lorsqu'il s'agira effectivement du fait.
Cependant, le Cardinal m'ayant fait connaître par son mémoire que le roi de France me voudra promettre de porter le prince de Sulzbach, quand il succédera à l'Électeur palatin, de s'accommoder avec moi de tout le pays que je souhaite qu'il me soit cédé, vous devez travailler à me procurer par écrit une telle déclaration formelle, s'ilse peut, ou quelque chose sur quoi l'on puisse se fonder, le cas venant à exister. <44>Insistez, autant que vous le pouvez, pour que j'aie une pièce signée du Roi, où il y ait les mêmes termes qu'à la fin dela convention; il ne m'en faut pas davantage.
Quant à l'affaire de la succession de l'Ostfrise, j'ai été bien aise d'apprendre la favorable disposition où vous avez trouvé le Cardinal à cet égard, m'ayant marqué par vous la facilité d'obtenir la garantie de sa cour. Mais cet objet étant encore éloigné, et la princessed'Ostfrise se déclarant enceinte, je ne trouve pas à propos que vous entriez dans cette matière, toute éblouissante qu'elle peut paraître, et vous ne manquerez pas de moyens plausibles de l'éviter sans affectation et sans désobliger le Cardinal.
Il s'entend de soi-même que vous devez cacher avec un soin extrême ce que vous savez de mes desseins, et des vues que j'ai par rapport aux conjonctures qui se présenteront. Mais vous vous appliquerez plutôt à découvrir ceux de la France, à flatter le Cardinal par la perspective de l'utilité de nos liaisons, et à le mettre sincèrement dans mes intérêts. Je vous y laisserai jusqu'au départ du roi d'Angleterre, et quand je vous aurai envoyé votre rappel, vous vous en retournerez par laroute de Metz. Vous savez au reste mes sentiments sur ce que je souhaite de vous, et je suis persuadé de votre fidélité et zèle, étant toujours etc.
(L. S.)
Federic.
Nach der Ausfertigung.