220. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Quartier général d'Herrndorf, 23 décembre 1740.

Monsieur de Chambrier. Je vous ai déjà mis au fait touchant les motifs que j'ai eus d'entrer en Silésie avec une partie de mes troupes, et je m'assure que vous n'aurez rien négligé pour les faire goûter au Cardinal. Cependant, comme je suppose que vous y aurez trouvé des difficultés, vous continuerez à lui représenter d'une manière convenable combien la France gagnera par mon entreprise, soit par rapport à ses propres intérêts, soit à l'égard de ceux de l'électeur de Bavière. Car celui-ci trouvera, à l'heure qu'il est, une occasion du monde la plus favorable de se faire avoir raison de ses prétentions sur l'héritage de feu l'Empereur, dont il ne pourrait manquer d'acquérir une bonne portion, si l'on se prête à mes desseins. D'ailleurs, cette crise lui frayera le chemin de parvenir avec plus de facilité à la couronne impériale, ce dont celle de France me devrait savoir bon gré et me favoriser de toute la manière. Outre cela, je sais par expérience ce que le Cardinal pense sur la succession de Juliers et Bergue; c'est pourquoi il serait facile de me porter à une ultérieure complaisance dans cette affaire, en me prêtant aux vues de la France, si elle voudra entrer dans les miennes, par rapport à mon agrandissement du côté de la Silésie. Mais vous ménagerez ce dernier article avec toute la prudence imaginable, pour ne rien risquer sans être assuré de son fait. Je suis etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.

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