311. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.
Schweidnitz, 17 mars 1741.
Mon cher Podewils. La trahison de la Russie est épouvantable. La malice et l'envie des Saxons l'ont couvée, et la faiblesse du prince <208>Antoine l'a fait éclore. Si les nouvelles ultérieures répondent à celles que je viens de recevoir, il faudra conclure au plus vite avec la France, et ce ne sera plus moi, mais la Russie et l'Angleterre qui bouleversent l'Europe.
Il faut s'armer de fermeté, combattre en héros, vaincre avec prudence, et soutenir l'adversité avec des yeux stoiques. J'ai fait ce que j'ai pu pour la tranquillité publique, et c'est mes envieux qui la troublent. Mais quoi qu'il en arrive, j'aurais au moins la satisfaction de bouleverser la maison d'Autriche et d'ensevelir la Saxe. Peut-être que les conjonctures se changeront, mais je regarde le concert de mes ennemis comme une chose sûre et certaine; ce feu s'est couvé sous les cendres, et à présent, nous en apercevons les premières étincelles.
Adieu, cher ami, défendez-moi de la plume, comme je vous défendrai de l'épée, et tout ira bien, en dépit de nos envieux.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.