546. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION COMTE DE FINCKENSTEIN A COPENHAGUE.
Breslau, 7 octobre 1741.
Je me suis bien attendu que le ministre d'Angleterre à la cour de Danemark se donnerait tous les mouvements imaginables, ainsi que je le vois par votre dépêche du 26 septembre dernier, non seulement pour renouveler avec cette couronne le traité de subsides qui va expirer dans peu de mois, mais encore d'obtenir une augmentation considérable du corps de troupes qu'elle doit fournir en vertu dudit traité au Roi son maître. Il est très sûr que Sa Majesté Britannique se voit avec regret déchue de cette espèce de dictature qu'elle prétendait exercer ci-devant dans les affaires d'Europe, et qu'elle prend de loin des mesures pour remonter sur sa bête et pour recouvrer son ancienne supériorité. Vous jugerez aisément qu'il m'est d'une grande importance que ce dessein ne réussisse point, et qu'il est de mon intérêt de voir traverser les négociations que la cour britannique entame de tous côtés, pour se faire des alliés à la tête desquels elle puisse rétablir son autorité de jadis, et se rendre derechef arbitre de l'Europe. Ainsi vous employerez tout votre savoir-faire, et vous n'épargnerez rien de tout ce qui dépend de vous, pour contrecarrer de bonne grâce, par le ministre de France, l'abbé <370>Le Maire, la négociation du sieur Titley, et faire rejeter par la cour de Danemark les nouvelles propositions anglaises.
Cependant, comme je suis encore en termes amiables avec Sa Majesté Britannique, et qu'elle affecte même de rechercher mon amitié, vous mesurerez vos démarches avec tant de circonspection que je n'y sois pas mêlé directement, et que vous ne paraissiez point travailler contre les intérêts de la cour d'Angleterre, surtout si le sieur Le Maire devait échouer dans sa négociation, afin que le sieur Titley ne trouve point de juste sujet de se plaindre de vous à sa cour, et de lui rendre par là suspectes mes intentions.
Federic.
H. de Podewils.
Nach dem Concept.