639. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.
Berlin, 20 décembre 1741.
Monsieur mon Cousin. L'attachement pour la France, le zèle pour votre gloire, et l'affection pour le bien de la cause commune, m'obligent aujourd'hui de vous écrire pour vous prier par les motifs les plus pressants de rendre M. de Belle-Isle à l'armée de Bohême, comme l'homme le plus capable du métier de la guerre, le plus conciliateur, et le sujet le plus susceptible de la confiance des princes d'Allemagne que vous ayez actuellement. Vous ne sauriez croire, n'étant pas sur les lieux, quel poids M. de Belle-Isle donne aux affaires du Roi votre maître en Allemagne, tant par rapport à vos alliés, qui ont mis toute leur confiance en lui, que relativement à votre année, chez qui le poids de la réputation de ce grand homme décide en partie du succès de vos entreprises.
<437>Je le prendrai, moi personnellement, comme une marque de l'amitié et des égards que le Roi votre maître a pour moi, s'il continue le maréchal de Belle-Isle dans le poste qu'il lui a donné, et je vous le demande à vous personnellement comme la plus grande marque d'amitié que vous puissiez me donner.
Tout dépend dans le monde du choix des hommes capables que l'on emploie, et M. de Belle-Isle peut être compté dans son métier au rang des plus grands hommes.
Je vous félicite, Monsieur, de tout mon cœur, du succès de vos armes dans la surprise de Prague, mais surtout du chef-d'œuvre de votre sagacité, opéré par le ministère de La Chétardie dans la dernière révolution de l'empire moscovite. Personne plus que moi ne saurait prendre une part plus sincère à ce qui arrive d'heureux à la France et de glorieux à votre ministère; cela ne peut qu'augmenter les sentiments d'estime et de considération particulière avec lesquels je suis inviolablement, Monsieur mon Cousin, votre très affectionné et fidèle ami et cousin
Federic.
Pour Dieu et pour votre gloire, délivrez-nous du maréchal de Broglie, et pour l'honneur des troupes françaises, rendez-nous le maréchal de Belle-Isle.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.