650. AU GRAND-MAITRE DE L'ARTILLERIE BARON DE SCHMETTAU A PRAGUE.
Berlin, 31 décembre 1741.
Je viens de recevoir votre relation du 27 du courant, et j'ai été bien aise d'apprendre que M. le maréchal de Belle-Isle a paru content <446>des opérations du maréchal de Schwerin, dont j'attends moi-même des nouvelles s'il a pu s'emparer de la ville d'Olmütz, article dont je connais très bien l'importance. J'attends vos rapports sur le succès de l'entreprise vers Teutschbrod, et vous ne manquerez pas de m'en donner des nouvelles le plus tôt possible. Quant aux désordres que mes troupes doivent faire en Bohême, vous pouvez être persuadé que je n'en ai eu le moindre avis que par une lettre du roi de Bohême, à laquelle j'ai répondu dans la ci-jointe, dont vous aurez soin pour la faire tenir à Sa Majesté, le plus tôt que cela pourra être.
Quoique mes troupes aient perdu du monde, et qu'il faille absolument qu'elles tâchent à faire des recrues pour se rendre complètes, néanmoins les désordres dont vous faites mention ne sont nullement de mon goût, ce que j'ai fait entendre d'une manière très intelligible au prince Léopold, auquel j'ai donné ordre que, si contre mon attente quelques uns de mes officiers avaient pareillement procédé, il devait le redresser incontinent, et observer le bon ordre autant qu'il sera possible.
Sur la proposition que Sa Majesté le roi de Bohême vous a voulu faire touchant le Leibregiment de Würtemberg, il faut que je vous dise que je ne la trouve aucunement de mon goût, et que vous devez trouver des moyens pour la mettre hors de l'esprit de Sa Majesté. Il m'importe extrêmement de garder le pays de Würtemberg pour mes levées, et par cette et d'autres considérations vous tâcherez d'insinuer au roi de Bohême qu'il lui coûterait extrêmement, s'il voulait prendre dans son service un des régiments de Würtemberg; que ces régiments étaient ordinairement très faibles, et que, s'il voulait prendre le Leibregiment, il n'aurait que quelques compagnies, lesquelles s'il les voulait faire recruter dans le pays, cela lui coûterait jusqu'à 180,000 écus; que j'en ai fait l'épreuve moi-même, et que le régiment de dragons de quatre escadrons que j'ai pris, me coûterait plus de 120,000 écus. Enfin, vous tâcherez de votre mieux, et employerez tout votre savoir faire pour en détourner le Roi. Je suis etc.
Federic.
Vous pouvez accompagner l'Électeur pour quelques jours, s'il le souhaite si instamment.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
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