<191>mandes et propositions faites dans le projet que le sieur Guy Dickens avait envoyé en date du 18 juillet,1 étaient tout-à-fait incompatibles avec ces principes et, par conséquent, inadmissibles en tous points.
L'on remarque que c'est cette lettre du duc de Newcastle qui avait mis Guy Dickens dans un extrême embarras, de sorte qu'il avait été fort sensible et chagrin contre le ministre de ce qu'il appuyait si peu les vues salutaires et les dispositions favorables que la Russie avait montrées; qu'aussi après avoir consulté là-dessus avec le baron Pretlack et autres intimes, l'on était convenu avec lui qu'on cacherait encore au chancelier Bestushew le contenu de la susdite lettre.2 Que néanmoins le courrier qui avait porté à Vienne le contre-projet anglais, avait été chargé d'une autre lettre du ministre pour Guy Dickens, contenant des instructions pour ce dernier sur la façon de s'expliquer avec les ministres russes au sujet des changements qu'on avait faits au projet délivré par ceux-ci, en leur disant que leur projet paraissait être appuyé sur un tout autre principe que le contre-projet; qu'ils s'étaient imaginés que l'attaque des États du roi d'Angleterre en Allemagne était inévitable, et que, regardant le cas extrêmement pressant, ils avaient réglé là-dessus le nombre des troupes auxiliaires et le subside énorme, mais que cette idée était entièrement fausse, et, comme l'unique vue du roi d'Angleterre n'était que celle ci-dessus marquée, le contre-projet était sans doute d'autant plus raisonnable qu'il remplissait ces vues salutaires, et que les propositions y contenues étaient de nature à pourvoir amplement aux frais qu'il en coûterait à la Russie. Qu'au reste on avait joint les pleins-pouvoirs au sieur Guy Dickens pour cette négociation, avec ordre exprès de ne pas conclure absolument qu'aux conditions énoncées.
Vous ferez un compte fidèle à M. de Saint-Contest de tout ce que dessus, en lui insinuant de ma part combien je prétendais d'aller droit avec la France et ne lui jamais causer plus d'embarras que les circonstances ne demandèrent; que c'était en conséquence de ce principe que je lui faisais par vous un récit exact de ce qui m'était revenu, et que j'agirais toujours en conséquence, en ne lui demandant que le dernier secret de mes confidences.
Qu'au surplus il restait à voir si l'avidité du chancelier Bestushew se contenterait des subsides aussi modiques que ceux que l'Angleterre offrait, et qui du moins différaient beaucoup de ceux qu'il avait demandés.
Qu'au reste tout ceci me confirmait dans le sentiment que je lui avait fait déjà déclarer par vous, qu'il ne fallait pas se précipiter pour conseiller à l'Électeur palatin l'accommodement avec la cour de Vienne,3 et que d'ailleurs il n'y avait rien du tout qui pressait pour faire de nouvelles propositions aux ministres anglais touchant l'accommodement sur mes différends avec l'Angleterre.
1 Vergl. S. 93.
2 Vergl. S. 18S.
3 Vergl. S. 180.