<208>tinuerez aussi de dessiller de plus en plus les yeux au susdit ministre, quoique toujours sans marquer ni de la passion ni de la prévention.

Federic.

Nach dem Concept.


6160. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Berlin, 5 janvier 1754.

J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 14, du 18 et du 21 du mois dernier, au sujet desquelles je suis bien aise de vous dire pour votre direction que je trouve trop chargé d'humeur et de soupçons peut-être pas tout-à-fait fondés les discours que M. d'Havrincourt vous a tenus relativement à la situation actuelle entre la cour et le Sénat, de sorte que j'ai de la peine à m'imaginer que les choses fussent parvenues à ce point extrême sous lequel ce ministre vous les a voulu représenter. Je crois plutôt qu'il n'y en a plus à présent que ce qu'il y a eu toujours, depuis que la forme présente du gouvernement de Suède a été introduite, savoir que le Roi a son parti tout comme le Sénat, qui se sont disputé leurs prérogatives, et que de pareils démêlés ne sauront finir, tant que la forme présente de ce gouvernement existera. C'est aussi en conséquence que j'aurais aimé que vous ne fussiez entré dans un si long détail dans vos dépêches sur des choses qui me sont assez connues, et que je ne saurais envisager autrement que rebattues. Au surplus, toutes les dépêches antérieures que j'ai faites à votre prédécesseur, et qu'il vous aura apparemment toutes délivrées, vous montreront combien je suis éloigné de toutes mesures violentes, et que je n'ai jamais fait que prêcher de la modération à la cour où vous êtes.

Quant à M. d'Havrincourt, je dois vous faire observer, quoiqu'absolument pour votre unique direction, que c'est un sujet qui ne sait pas peser tout-à-fait bien les choses et qui, prévenu contre la cour, donne trop légèrement dans toutes les insinuations dont quelques fougueux du Sénat ou quelques-uns des mal intentionnés contre la cour lui en veulent imposer.1

Au reste, je veux bien permettre que vous lui disiez que m'ayant informé de quelques-unes des particularités qu'il vous avait communiquées par rapport à la fermentation entre la cour et le Sénat, je vous avais répondu que j'avais toute la peine du monde à ajouter croyance à ce qu'on lui avait rapporté à ce sujet; que je m'imaginais qu'on attribuait à faux de certaines démarches à la Reine, ma sœur, mais qu'aussi je ne voudrais répondre que la cour, poussée peut-être trop à bout par le peu de ménagement qu'on lui marquait, ne saurait à la fin se jeter dans un parti où elle trouverait plus de ménagement et de considération



1 Vergl. S. 4. 5; Bd. IX, i. 424.