<228> puisé ces avis, et de sorte qu'il ne puisse pas même s'en douter. Sur quoi vous userez de toute précaution imaginable.
Federic.
Nach dem Concept.
6193. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 2 février 1754.
J'ai reçu votre dépêche du 29 dernier touchant les avis qui vous sont venus par rapport aux chipotages entre les cours de Dresde, de Vienne et de Moscou. J'en ferai faire communiquer un extrait à mon ministre comte de Podewils,1 quoiqu'en lui cachant avec soin tout ce qui pourrait lui faire soupçonner les canaux desquels ces avis vous dérivent, afin qu'il en puisse parler au chevalier de La Touche, et je vous permets d'ailleurs que vous puissiez toucher dans vos rapports que vous ferez au département des affaires étrangères, les choses qui regardent les affaires de Pologne, bien que vous le feriez toujours de sorte que mes ministres ne sauront absolument s'apercevoir du canal d'où ces avis secrets vous sont revenus, ce que vous leur masquerez avec toute l'adresse possible.
En attendant, je veux bien vous communiquer les réflexions que j'ai faites sur votre dépêche ci-dessus accusée, savoir que je crois que les Russes ne voudront rien faire par rapport aux affaires de Pologne, quand ils n'auront pas des subsides, et que la négociation sur ce sujet avec Guy Dickens échouera. Je remarque d'ailleurs que vous envisagez la France et la Hollande de la manière qu'elles étaient il y a quarante ans, où la France prodiguait des sommes pour ses intérêts d'État, et où la seconde était une puissance respectable. C'est ce qui s'est bien changé du depuis, où la France se fait bien tirer à la manche pour dépenser même le nécessaire, et où la république de Hollande trouve à peine les moyens de soutenir son intérieur, vu ses finances ruinées et la désunion entre les Régents.
Quant aux Anglais, je doute fort qu'ils voudront se mettre en grands frais à l'égard des affaires de Pologne et pour une succession au trône de ce pays assez éloignée encore, et je m'imagine que peut-être le chevalier Williams s'est plus avancé là-dessus que sa cour ne l'a chargé. Au reste, toutes les propositions que vous faites pour nous former un parti en Pologne, sont bonnes et solides; mais souvenez-vous que je ne saurais pas le faire moi seul, et que, quand j'ai fait parler jusqu'ici à la France sur ce sujet, on m'a renvoyé toujours la balle, en me faisant entendre que, comme le plus proche voisin de ce pays, j'avais à voir ce qu'il y aura à faire selon les occurrences. Ainsi, comme de fortes pensions demandent de gros fonds, et qu'on ne peut tout-à-fait
1 Vergl. Nr. 6203 S. 235. 236.