<281> pourvu qu'on ne remédiât pas d'une manière ou d'autre aux griefs du roi et de la reine de Suède, je serais dans la plus grande appréhension qu'ils ne se jetassent entre les bras de la Russie, dont alors la France et moi serions également embarrassés. Qu'il me suffirait à présent d'en avoir averti la France, comme de bien d'autres choses qu'on avait eu de la peine à croire, mais qui en après s'étaient vérifiées;1 que M. d'Havrincourt méritait l'attention qui lui était due, mais qu'il n'en fallait manquer au roi et à la reine de Suède.
Qu'au reste, afin que M. de Contest soit d'autant plus confirmé que les choses sont sérieuses et dans un état critique, je ferais voir des lettres en original de ma sœur, la Reine, au chevalier de La Touche, pour le convaincre que je n'agis point de mon seul mouvement dans cette affaire. Voilà tout ce que vous aurez à dire convenablement à M. de Contest.
Federic.
Nach dem Concept.
6269. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 26 mars 1754.
Nous venons d'apprendre l'évènement de la mort du sieur Pelham, au sujet duquel mes lettres m'assurent qu'il ne pouvait arriver rien de plus embarrassant dans les circonstances présentes au gouvernement anglais, vu que ce fut lui qui avait des ministres le plus d'influence dans le cabinet du Roi, qui était le chef des finances et avait eu depuis longtemps le plus de crédit, et qui était seul chargé de la besogne des futures élections, qui en savait le secret et les moyens et qui, à ce qu on m'assure, aurait acquis à la cour une majorité certaine dans le nouveau Parlement. Aussi dit-on que le Roi est fort sensible à cette perte, qui ne saurait qu'être suivie de circonstances intéressantes, savoir d'altérer en quelque façon le système présent et diminuer le credit du duc de Newcastle, qui avait eu un grand appui dans le défunt.
Au surplus, vous me marquerez [comment] la cour où vous êtes envisage cet évènement; quant à moi, je présume qu'il saurait bien suspendre au croc la négociation qui est sur le tapis à Moscou.
Pour ce qui regarde les nouvelles assez curieuses que vous me marquez dans le post-scriptum de votre rapport,2 vous devez continuer, avec toute l'attention possible, l'avis que vous en avez eu, afin de m'en faire des rapports exacts. Cependant, parceque vous ajoutez que la cour était embarrassée pour trouver les moyens à faire former les magasins pour le camp qu'elle médite d'assembler, vous devez conclure que
1 Vergl. S. 255.
2 Ueber den Plan zur Versammlung eines Lagers von 50.000 Mann bei Kolin.