<290> et que le sieur Keith, après avoir reçu un courrier, portait du contentement dans sa physionomie — j'ai cru de ne pouvoir plus céler aux ministres de France ces avis-là.

C'est aussi en conséquence que vous chercherez d'avoir au plus tôt une audience particulière de M. de Contest pour le bien informer de tous avis susdits et pour lui dire en termes exprès que je ne les lui donnais point pour des choses avérées et sûres, qu'au contraire j'en doutais moi-même jusqu'à présent. Cependant, comme il se passerait bien du temps en attendant que nos lettres sachent arriver et partir réciproquement, je croyais que la prudence demandait que nous supposions pour un moment tous ces avis vrais et constatés, afin de prendre à bonne heure le concert nécessaire entre nous pour ce qu'il fallait que nous fissions, supposé que le cas arriverait et que nos ennemis communs éclateraient pour pousser leurs mauvais desseins. Qu'il fallait y songer de bonne heure, pour ne pas tomber dans le grand inconvénient absolument ruineux et hors de saison de vouloir délibérer et prendre des concerts entre nous, tandis que nos ennemis agiraient par leurs forces, et que je priais donc instamment M. de Contest de vouloir bien m'instruire par vous de ce qu'il y aurait à faire de notre part, dans le cas que nos ennemis voudraient réaliser les susdits projets.

Vous lui ajouterez que mes soupçons sur les vues de ceux-ci augmentaient, parceque des lettres de Hollande marquaient que la cout de Vienne y faisait actuellement négocier par son agent à Rotterdam deux millions de florins à raison de quatre pour cent, sous prétexte d'en vouloir faire relever les fortifications d'Ostende, en donnant pour hypothèque les droits d'entrée des bureaux de Bruges et de Gand, et qu'au surplus je savais à n'en pas pouvoir douter que le duc de Newcastle avait chargé le sieur Guy Dickens, d'insister, le plus fortement qu'il serait possible, auprès de la cour de Russie sur une réponse positive et claire au sujet de l'affaire des [subsides], afin que la Grande-Bretagne puisse prendre promptement son parti.

Je m'attends à votre dextérité et savoir-faire que vous tirerez les explications les plus claires et les plus positives sur tout ce que dessus, afin de m'en faire au plus tôt possible, dans une affaire d'aussi grande importance que celle-ci, votre rapport de manière que je sache m arranger là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.


6283. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 6 avril 1754.

Les circonstances que vous m'avez particularisées par votre dernier rapport, avec ce que vous m'avez appris par les post-scriptums de vos dépêches antérieures, sont de telle importance que je crois absolument