les intérêts de la cour de Suède et d'y agir par le parti qui est attaché à la France; que les principaux de ce parti seraient obligés d'y concourir, dès que la France le voudrait, et qu'outre cela on pourrait les y engager par les bonnes conditions qu'on leur ferait de la part de la cour de Suède et nommément au baron de Hœpken qui est à regarder comme l'âme du parti. Que pour obvier à l'inconvénient que les États n'eussent besoin de prononcer entre le Roi et le Sénat sur les sujets de désunion qu'il y a eu, on n'aurait qu'à rejeter toute la faute sur l'obscurité de la forme présente du gouvernement et n'entrer dans aucun détail là-dessus. Que ce serait une chimère que de vouloir songer à la souveraineté, mais que, si la France le voulait, ce serait la chose du monde la plus facile que d'augmenter le pouvoir du Roi, au point qu'il pourrait être utile à son pays et à ses alliés. La Reine m'exposa un plan de forme de gouvernement qui conservât une liberté raisonnable et qui était à peu près semblable au gouvernement d'Angleterre. Je n'entrerai point dans le détail là-dessus, puisque la Reine a parlé sur ce sujet au sieur de Rohd à son départ; que la France devait être bien plus sûre de conserver ce pays-ci, lorsque le pouvoir résiderait dans le Roi, qu'avec la forme présente du gouvernement, puisque les sénateurs attachés à la France n'étaient pas immortels et qu'il pourrait arriver que ceux qui viendraient après eux, ne fussent pas dans les mêmes sentiments à l'égard du système, au lieu qu'un roi de Suède ne pourrait jamais se départir de l'alliance France. Sa Majesté prétendait que la difficulté que je lui proposais que la Russie pourrait s'opposer à un pareil changement de forme de gouvernement, n'était rien et que la Russie ne remuerait pas, dès qu'il ne s'agirait pas de souveraineté. La Reine ajouta que Votre Majesté travaillait présentement à faire rappeler d'ici le marquis d'Havrincourt, mais que la Reine craignait que cela ne pût se faira avant la Diète, puisqu'on ne voudrait pas envoyer ici avant cette époque un ministre tout neuf dans les affaires, qu'ainsi elle songeait quelques fois à se | vous ayez profité de l'occasion pour ramener la Reine à des sentiments de plus de modération envers le marquis d'Havrincourt; aussi me rendrez-vous un service particulier, quand vous pourrez rapprocher la Reine avec ce ministre et moyenner quelque accommodement et bonne intelligence entre eux. Du reste, vous continuerez, dans toutes les occasions qui s'y offriront, d'inspirer des sentiments de modération à ma sœur et de lui insinuer adroitement qu'il ne fallait point croire que la Russie regarderait jamais indifféremment le moindre changement qu'on ferait à la forme présente du gouvernement de Suède. Qu'il était diamétralement opposé à ses vues et à ses intérêts de voir augmenter l'autorité du roi de Suède, vu que son jeu était de rabaisser au possible l'autorité royale, afin que les affaires intérieures de Suède restent toujours brouillées, et que par là elle saurait toujours se mêler de ces affaires et rendre la Suède en quelque façon dépendante de lui, ce qui avait été toujours le grand but de la Russie, et qu'on n'avait qu'à se souvenir de ce qui s'était passé sur ceci du temps de l'avènement au trône du Roi. Vous tâcherez d'ailleurs d'insinuer à cette Princesse que rien ne serait plus désirable pour les intérêts de la maison royale de Suède qu'un accommodement avec le Sénat, que, selon moi, la chose ne serait point impossible, pourvu qu'on s y prenne de bonne grâce; mais de vouloir prendre les affaires avec hauteur, ce serait absolument les gâter. |