Voici la lettre que vous me demandez pour la montrer à d'Alembert.1 Le trait que vous me rapportez de lui,2 caractérise certainement un honnête homme, et je compte qu'il sera assez discret, soit qu'il accepte ou refuse la pension, de ne le point ébruiter parmi Messieurs les beaux esprits.
Quant à vous, mon cher Milord, je dois vous dire que je ne fais le voyage de Wesel cette année, mais la prochaine; mais, s'il y a quelque chose en quoi je peux vous devenir utile, vous pouvez compter sur moi ici comme à Wésel. Quant à des conseils, je suis trop jeune et peut-être trop étourdi pour en donner à un homme de votre âge; quant à d'autres services, vous pouvez disposer de moi. Je suis bien de votre avis sur les préférences du cœur sur l'esprit, cependant il y a une espèce d'hommes qu'on traite comme de jolis perroquets, et chez ceux-là on fait plus d'attention au jargon qu'au caractère; cependant, on en est puni quelquefois, comme il me l'est arrivé avec Voltaire : ceux qui jouent avec des singes, en sont mordus quelquefois, et il y a une grande différence de faire son ami d'un homme ou de le traiter en animal caquétoire, comme dit Comines. Enfin, mon cher Milord, il est rare de trouver, comme chez vous, un heureux mélange de caractère, d'esprit et de connaissances; il est donc très naturel que je vous en estime davantage, et ce sont ces sentiments qui me rendent à jamais votre parfait ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6337. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 8. Mai: „M'étant douté depuis quelque temps d'une certaine réserve dans la conduite du comte d'Azelor, j'en ai parlé à M. d'Aubeterre, le priant de l'observer de plus près, parcequ'il était fort lié avec lui. Il n'y a pas manqué et s'en est aperçu pareillement, sur quoi nous avons, chacun de son côté, approfondi la chose, et il nous est revenu que le comte d'Azelor a eu pendant quelques jours d'audience de longs entretiens avec le comte Kaunitz et qu'il a dépêché du depuis un des ses valets de chambre en courrier pour Madrid, dont il a fait mystère au marquis d'Aubeterre, et c'est du depuis que nous pouvons dater nos | Potsdam, 18 mai 1754. Je ne saurais rien ajouter à ce que la dépêche ordinaire de mes ministres vous a marqué touchant le chipotage secret du comte d'Azelor,3 de sorte qu'en vous y renvoyant, il ne me reste que de vous dire que, comme je suis intentionné de faire ma course ordinaire en Silésie au mois de septembre qui vient, je vous parlerai à Neisse, sur quoi vous devez préparer de longue main les gens là ou vous |
1 Abgedruckt in den Œuvres de Frédéric le Grand XX, 257.
2 Das Schreiben des Lord Marschall, auf welches der König antwortet, liegt nicht vor.
3 Der Ministerialerlass an Klinggräffen vom 18. Mai bezeichnet die Haltung Azelor's als um so beachtenswerther, je weniger sich muthmaassen lasse, um was es sich zwischen den Höfen von Wien und Madrid handle.