<334>

c'est de sauver la dignité de Votre Majesté, sans compromettre les droits que l'on prétend avoir et les constitutions du royaume. Car pour la satisfaction en elle même, ce n'est pas le plus ou le moins d'argent qui vraisemblablement accrocherait la conclusion d'un accommodement, puisque par les sentiments modérés que Votre Majesté m'a fait connaître et que je garderai soigneusement, par-devers moi, il y aurait fort peu de chose à distribuer à Ses sujets, après avoir prélevé l'intérêt pour le restant des dettes de Silésie qu'il faudra payer en cas d'accommodement depuis le jour que l'arrêt a été mis, jusqu'à celui de l'entier remboursement, différence qu'il n'est pas juste que Votre Majesté paie de Ses offres et que l'on ne permettra jamais ici que les intéressés au fonds de la Silésie perdent. Enfin, ou il convient à Votre Majesté de chercher à finir cette affaire ou non. Si Elle Se décide pour le premier cas, Elle peut être assurée que je connais assez jusqu'où peut s'étendre la parole d'un ministre anglais pour savoir discerner si l'on pourrait tenir celle que l'on me donnerait, et que l'exemple qu'Elle a eu ci-devant au sujet de celle du lord Carteret au sieur Andrié,1 ne saurait être applicable au cas d'aujourd'hui. La promesse verbale que l'on pourrait me donner par accommodement, n'est point contraire aux lois. L'autre était hasardée, et si par ordre de Votre Majesté je levais jamais verbalement de Sa part l'arrêt mis sur la dette de Silésie, à condition qu'on me donnât ensuite une déclaration verbale que l'on ferait examiner sommairement sans nouveaux frais et sollicitations les prétentions des sujets de Votre Majesté, je serais autant à même de me rétracter que l'on le serait de me manquer de parole.“

et s'embarrasseront en conséquence peu de voir applani ce différend ou non, de sorte que ce serait sans succès que de leur en faire parler.

En second lieu, quelles sûretés vous croyez que je saurais avoir pour ne point être la dupe de la parole d'un ministre anglais à l'égard de la satisfaction qu'on donnera à mes sujets, en voulant examiner de nouveau leurs griefs sans nouveaux frais ni sollicitations de leur part, supposé que je fisse le pas de lever l'arrêt mis sur la dette de Silésie et me misse par là, pour ainsi dire, entièrement à la discrétion des ministres anglais s'ils [veulent] faire avoir ou non de la satisfaction à mes sujets.

C'est donc sur ces deux points que vous vous expliquerez bien envers moi et de manière que j'y pourrai tabler. Au surplus, je vous demande encore le plan que vous croyez le plus propre pour entrer en matière à ce sujet et de travailler avec succès pour réunir mes sentiments avec ceux des ministres anglais, afin de parvenir au but désiré. Sur quoi, je serai bien aise d'avoir au plus tôt possible votre réponse.

Au reste, quoique je convienne avec vous des bonnes raisons que le ministère anglais a eues pour assembler au mois prochain de juin le nouveau Parlement,2 tâchez cependant d'approfondir bien les matières qu'on voudrait y mettre en délibération, et si peut-être l'on ne couve d'autres intentions que celles que l'on fait apercevoir présentement.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 308.

2 Vergl. S. 329.