<336> les mêmes campements pour exercer les troupes comme l'année passée, et qu'au reste l'artillerie de campagne, pontons, dispositions pour la subsistance des troupes étaient tous contremandés. La raison qu'on en débitait, était l'économie, mais, selon moi, plutôt parceque l'Angleterre ne peut pas encore fournir des subsides.

Il en est tout différent des nouvelles que j'ai reçues de Russie, dont toutes les troupes qu'on a assemblées en Livonie, ont eu ordre de se mettre en marche avec leur artillerie de campagne dès le 1er de ce mois, pour former incessamment des camps près de Riga et dans la Courlande; l'on ajoute que la marche de ces troupes était tellement pressée que tout était actuellement en mouvement, et, comme ce corps de troupes devait être joint encore par quelques régiments de ceux qui avaient eu leurs quartiers à Pétersbourg et aux environs, l'on les ferait passer par des galères à Riga, pour être d'autant plus tôt à même de se joindre aux autres troupes. L'on débite le nombre de ces troupes à 70,000 hommes, inclusivement ce qu'on appelle les troupes irrégulières, et bien qu'on en saurait rabattre sur ce nombre, ce pourront toujours être effectives jusqu'à 40,000. L'ordre a été [donné] qu'elles devaient se pourvoir de biscuits jusqu'au 20 de ce mois et de fourrages pour un mois.

Vous ne devez pas manquer d'informer de tout ceci M. de Contest, afin de lui faire apercevoir qu'au moins ce n'est pas une bagatelle en troupes que la Russie assemble de ce côté-là et qu'il fallait voir si la cour de Vienne ne couve quelque autre plan offensif qu'elle voudrait faire éclater par la Russie, pendant qu'elle fait parade de ses sentiments pacifiques, en justifiant ses démonstrations de camps d'exercices et de précaution pour n'être pas prise au dépourvu. Néanmoins, et malgré tout ce que dessus, je suis encore du sentiment que l'année présente s'écoulera encore tranquillement; mais la grande attention que j'aurai, sera sur ce qui se passera en Angleterre au temps de l'assemblée du nouveau Parlement au mois de juin, et principalement à celui de novembre, puisque ce sera à ce temps-là que tout se développera ce qu'il y aura à craindre ou à espérer pour la tranquillité publique. Ce que vous direz également à M. de Contest.

Federic.

Nach dem Concept.


6343. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

[Potsdam], 21 [mai 1754].

Vous serez obéi, mon cher Milord, vous recevrez ce que vous me demandez; je ne saurais disconvenir que l'espérance de vous revoir m a fait hâter l'exécution de ce que vous recevrez incessamment. Je suis a present dans des convulsions militaires.

Nous avons ici le comte de Gisors, qui fait honneur à son père par la bonne éducation qu'il en a reçue; je vous prie, si l'occasion s'en présente, d'en faire un compliment obligeant à son père. Adieu, mon cher Milord, je pars pour Berlin et j'aurai encore trois semaines les