6383. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 2 juillet 1754.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 22 du mois dernier. Comme je vous ai déjà informé que, selon toutes les apparences, la négociation en Russie par rapport aux subsides anglais va échouer ou sera au moins de fort longue discussion encore, je continue1 à me persuader que tout restera tranquille pendant l'année présente, mais d'un autre côté, je m'imagine que, vers le temps du mois de novembre qui vient, où le Parlement anglais s'assemblera de nouveau,2 la cour de Vienne pourrait bien remettre les fers au feu et pousser de nouveau aux négociations, en sorte que les courriers iront grand train. C'est pourquoi il deviendra nécessaire que vous redoubliez d'attention alors.
Au surplus, comme, par une de mes dépêches antérieures, à la date du 18 du mois de mai dernier,3 je vous ai averti qu'au commencement du mois de septembre je ferai un voyage en Silésie, pour y faire les revues ordinaires, et que je souhaite de vous parler alors, sur quel sujet vous deviez prévenir de bonne heure les gens à Vienne, afin qu'ils n'en prennent pas ombrage, j'ai trouvé bon de vous en faire souvenir encore.
Federic.
Nach dem Concept.
6384. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 26. Juni: „Quoique le ministère d'ici sache bien précisément ce qui en est de la grossesse de la grande-duchesse de Russie, cependant on garde un profond silence. Mais je n'ai pas laissé de sonder sous main des personnes qui sont à même de savoir la façon de penser d'ici sur cet évènement, s'il se vérifiait. D'abord, on verrait volontiers le jeune Iwan monter sur le trône, si l'Impératrice venait à manquer; mais il semble qu'on ait déjà pris là-dessus ici son parti, si le Grand-Duc succédait avec lignée, persuadé qu'on est que la Russie serait également liée indissolublement avec cette cour-ci, comme elle l'est actuellement; ainsi on ne s'intéresserait alors pour le jeune Iwan. Il n y a qu'une réflexion qui fait de la peine ici; c'est'que, si la grossesse parvenait à sa perfection, la cour d'Angleterre ne pourrait plus se flatter de s'attacher un | [Potsdam, 6 juillet 1754]. Je ne doute pas que la façon de penser de la cour où vous êtes au sujet de l'évènement de la grossesse de la grande-duchesse de Russie, ne soit actuellement telle qu'on vous l'a accusée, et la réflexion qu'on a jointe sur les suites, si cette grossesse parvient à sa perfection, que l'Angleterre perdrait par là tout espoir de s'attacher un jour le Danemark,4 qui ne saurait que prendre le parti de se lier étroitement avec la Suède, est juste et conforme à la vérité. Au surplus, c'est un fait sûr et certain que l'état de grossesse de la susdite Princesse. |
1 Vergl. S. 365. 368.
2 Vergl. S. 341.
3 Nr. 6337 S. 331
4 Vergl. S. 298.