6486. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A VARSOVIE.
Potsdam, 19 octobre 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du ro de ce mois. La Diète continuant de devenir de plus en plus orageuse, j'espère de recevoir la nouvelle incessamment de vous qu'elle sera rompue, et suis bien curieux d'apprendre alors le train que les affaires prendront là. Je crois devoir vous communiquer ce que j'ai appris de très bonne main des lettres arrivées à Vienne de Constantinople du 16 septembre, savoir que la Porte Ottomane avait envoyé des ordres aux différents bachas en Asie d'augmenter les troupes qu'ils commandent et de les pourvoir de toutes choses nécessaires pour marcher, lorsqu'ils en recevront l'ordre, sans toutefois les informer du lieu de leur destination; démarche qui, à ce que j'en crois, ne pourra guère plaire aux deux cours impériales, qui n'ignorent pas que les Turcs, dans leurs guerres avec les Chrétiens, y emploient aussi leurs troupes d'Asie.
Je vous sais parfaitement gré des nouvelles que vous m'avez marquées dans le post-scriptum de votre dépêche;1 pour celles que j'ai de France, elles sont que la fin de la Diète en Pologne saurait bien être l'époque du rappel du comte Broglie, qui alors, à ce qu'on dit, demandera un congé pour venir en France, où il restera sous prétexte que ses affaires rendaient là sa présence absolument nécessaire. Comme l'on parle cependant de tout ceci encore avec incertitude, je serai bien aise que vous gardiez encore tout ceci pour vous seul.
Federic.
Nach dem Concept.
6487. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 19 octobre 1754.
J'ai reçu votre rapport du 9 de ce mois. Les nouvelles que vous m'avez mandées au sujet des lettres arrivées de la Turquie,2 sont aussi bonnes et intéressantes que, pourvu qu'elles continuent, vous verrez tantôt bien humilié l'orgueil ordinaire des ministres de la cour de Vienne et qu'ils useront avec beaucoup de politesse envers vous. Ce qui les embarrassera plus encore dans ceci, c'est que, selon de bons avis que j'ai,3 la cour de Russie ne veut point renoncer au dessein de faire construire une forteresse dans la Nouvelle Servie et qu'elle a donné des ordres à son résident à Constantinople, le sieur Obreskow, de déclarer aux ministres de la Porte qu'on ne refuserait pas de satisfaire
1 Vergl. Nr. 6487.
2 Vergl. Nr. 6486.
3 Maltzahn berichtet, Warschau 10. October: „J'ai vu le rescrit au résident russe [à Constantinople] avec la réponse à donner à la Porte Ottomane, et le précis que le sieur Funcke en a fait pour le communiquer au comte Esterhazy et au sieur Guy Dickens. On marque au sieur Obreskow“ u. s. w. wie im Texte.