<475> caractère inconstant de la nation, et qu'elle revient du préjugé qu'elle avait adopté, comme si le parti de la cour aura absolument la supériorité à la Diète prochaine. Comme elle juge fort bien qu'on ne saurait compter sur des gens sujets à changer par la corruption, il faudrait aussi qu'on n'y fonde pas son plan et qu'en s'accommodant au temps et aux circonstances, on s'arrange en sorte de n'avoir pas tout à risquer avec eux. Réflexion que vous tâcherez de faire valoir auprès de la Reine, quand l'occasion convenable s'y offrira.
Federic.
Nach dem Concept. Das Datum ergiebt der Bericht Maltzahn's, Stockholm 3. December.
6530. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 23 novembre 1754.
Votre dépêche du 10 de ce mois m'a été bien rendue. Ce que j'ai prétendu de vous, en conséquence de ma lettre du 26 du mois dernier d'octobre, n'est autre chose sinon que ce que tout ministre habile et appliqué doit pratiquer de soi-même. N'accusez point le défaut des évènements qui, à ce que vous dites, ne se succèdent pas avec rapidité; je n'entends point que vous devez me mander des évènements, quand il n'y en a point, et moins encore que vous devez grossir de petits faits; mais dans un pays que celui où vous vous trouvez, il y a tant d'objets qui, en défaut des évènements importants, vous peuvent suffisamment fournir de quoi rendre toujours vos dépêches intéressantes. Aussi, afin que vous sachiez entrer mieux en mon sens, je vais vous indiquer, entre tant et mille d'autres, quelques-uns seulement qui pourront me rendre vos rapports intéressants et qui mériteront mon attention.
Il y a l'article des ministres de France, leurs différentes façons de penser, leurs entreprises et leurs intrigues journalières, les uns contre les autres.
Le prince de Conty, son crédit auprès du Roi, le système, qu'il se propose, ses vues etc., le maréchal de Belle-Isle, son crédit augmentant ou baissant, le pied sur lequel à présent est le maréchal Lœwendahl, sont encore des sujets qui m'intéressent.
D'ailleurs, vous aurez un champ vaste en m'informant à fond sur l'état des finances de la France, les ressources qu'elle peut trouver au cas de besoin, et, quand lui arriverait de faire la guerre, quels seront ses fonds alors pour la soutenir efficacement, les ressources réelles sur lesquelles elle saurait compter sûrement alors, les moyens dont elle se servira pour trouver ces fonds, ou par des loteries, tontines, rentes viagères ou d'autres finances; combien d'années elle saurait fournir aux frais de guerre nonobstant le dérangement présent de ses finances; l'état de sa marine, si elle continue actuellement de l'augmenter, jus-