Pour ce qui regarde la cour de Danemark et son dessein de dis poser le grand-duc de Russie à lui troquer le pays de Holstein contre l'Oldenbourg et Delmenhorst, je crois qu'elle reviendra bientôt de cette illusion et qu'elle en sera peut-être déjà détrompée, quand elle aura appris les circonstances d'un présent de 100,000 roubles que l'impératrice de Russie a fait au Grand-Duc, circonstances sur lesquelles j'ai ordonné à mon ministère de vous en expliquer tout le détail dans leur dépêche ordinaire.1
Federic.
Nach dem Concept.
6547. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 10 décembre 1754.
J'ai bien reçu votre dépêche du 29 du novembre dernier et suis bien aise d'apprendre que l'indigne supercherie faite du baron de Leutrum2 n'a point laissé des soupçons véritablement mal fondés contre moi auprès du sieur de Rouillé.
J'ai d'ailleurs appris avec satisfaction que, quand vous avez parlé au ministre des circonstances dont je vous avais instruit relativement à la construction de la forteresse Sainte-Elisabeth,3 il en a été déjà de tout informé. Ce qui le convaincra, au moins, que, dans tout ce que je lui ai fait communiquer ci-devant de pareilles nouvelles, il ne saurait pas soupçonner que je m'en fusse fait imposer.
La fâcheuse nouvelle de la maladie dont le comte Desalleurs avait été attaqué, m'a fait du chagrin, dont je suis cependant un peu revenu, vu que mes dernières lettres de Vienne m'ont annoncé son rétablissement, de sorte que j'espère qu'il continuera dans son poste à Constantinople. Ce serait une grande perte pour la France et ses amis, s'il y fallait faire du changement, et, si jamais vous vous trouvez à même de pouvoir contribuer à ce que cet habile ministre continue sur son poste, vous devez vous y employer de votre mieux.
Au reste, mandez-moi seul et immédiatement, [vu] le peu d'envie que les Anglais font apparaître de s'accommoder avec la France sur les différends par rapport à leurs possessions aux Indes, [si] l'on ne songe point en France de faire quelques arrangements pour la défensive. Je vous ai déjà exposé par ma dernière lettre les appréhensions où. je suis que, si une fois les Anglais font partir la flotte destinée pour l'Amérique, la France saurait être débusquée là de toutes ses nouvelles acquisitions; je vous le répète encore, quoique je ne veuille point que vous en fassiez quelques insinuations au ministre, pour éviter tout soupçon qu'on voudrait le pousser de s'engager dans des affaires désagréables à lui.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 483.
2 Vergl. S. 462.
3 Vergl. S. 463.