<507> entre la France et l'Angleterre ne passeront point aux hostilités. La flotte destinée en Angleterre pour ses possessions en Amérique1 est prête à mettre à la voile, et, si une fois elle vient à partir, l'on ne saurait dire avec assurance que les renforts en troupes qu'on y fera passer, resteront les bras croisés, ni répondre des suites.

Jusqu'ici, on n'a fait aucune proposition au Parlement anglais par rapport aux subsides à accorder à la Russie,2 ce qu'il aurait cependant fallu, puisque, selon mes lettres de Londres, le roi d'Angleterre veut finir bientôt les délibérations du Parlement actuellement assemblé, afin de pouvoir faire le voyage de ses États d'Allemagne au printemps prochain; d'ailleurs, les affaires intérieures du Parlement ne sont pas encore si tranquilles que les ministres anglais puissent se donner le temps de songer à une affaire d'aussi grande conséquence que celle de la convention à conclure avec la Russie et charger la nation de gros subsides gratuitement, de sorte que ceux qui se flattent à Vienne que l'Angleterre finira tout de suite le traité de subsides en question pendant la séance actuelle du Parlement, pourraient bien voir leurs espérances trompées.

Quant à l'affaire de la forteresse de Sainte-Élisabeth,3 mes avis portent que la Russie y fait actuellement travailler sans relâche quelques milliers d'hommes, par où il parait qu'elle voudra mettre à perfection cette forteresse et dire en après que tout était fait et qu'il n'y avait plus rien à changer.

Au surplus, je présume que la mauvaise humeur de l'Impératrice-Reine s'origine apparemment de ce que l'Angleterre la presse pour finir l'affaire de la Barrière,4 cette dernière5 ne songeant guère à présent à l'affaire de l'élection d'un roi des Romains et n'entrant pas bien avant dans les vastes vues de la cour de Vienne. Les marques ont été trouvées,6 il y aura aujourd'hui un point.

Federic.

Nach dem Concept.


6572. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 28 décembre 1754.

Je n'ai point eu de vos nouvelles par l'ordinaire dernier et ne vous fais la présente que pour vous dire qu'il y a deux ans que j'ai fait dessécher un terrain assez considérable aux côtes de ma province d'Ostfrise, que j'ai fait faire défricher et fait environner d'une bonne et forte digue contre les irruptions de la mer et qui est d'un terroir très fertile. Comme je voudrais cependant me défaire de cette terre qu'on nomme, à l'usage du pays, un nouveau polder, contre un prix raisonnable en faveur de particuliers qui y voudraient faire de nouveaux établissements ou de nouvelles colonies de gens, aux conditions que vous trouverez



1 Vergl. S. 486.

2 Vergl. S. 485.

3 Vergl. S. 486.

4 Vergl. S. 450.

5 L'Angleterre.

6 Vergl. S. 453 Anm. 2.