<75> communiquer toutes ces pièces in extenso, exactement conformes à leurs originaux.

Ce que je vous demande à ce sujet, c'est que vous me gardiez un souverain secret sur toutes ces pièces, de sorte que vous les gardiez seul sous votre clef, afin qu'il n'en puisse absolument rien transpirer, et que vous n'en fassiez que le seul usage dont je vous instruirai ci-après. Je fais joindre encore pour votre seule direction un mémoire chiffré du chiffre …1 concernant divers éclaircissements par rapport aux susdites pièces et de ce qui s'est passé là-dessus, que vous garderez avec le même soin ci-dessus mentionné sous votre propre clef.

Quant à l'usage donc que je vous permets de faire des pièces alléguées, mon intention est que vous prierez M. de Contest de vous donner une heure où vous puissiez l'entretenir seul et en secret; que, cette heure donnée, vous le prierez d'abord qu'il voudrait bien vous donner sa promesse d'honneur sur le secret inviolable qu'il vous garderait sur tout ce dont vous l'entretiendrez et sur les communications que vous lui ferez, après quoi vous lui ferez ouverture de tout ce que je vous ai marqué par le mémoire que vous eûtes de moi par l'exprès que je vous envoyais en dernier lieu,2 et que vous lui fassiez lire tout à son loisir toutes les pièces, l'une après l'autre, que je vous adresse à la suite de cette dépêche. Vous observerez cependant que, supposé que M. de Contest vous demandait de vouloir lui laisser ces pièces pour les lire plus à son loisir, ou qu'il demandait de lui permettre d'en faire tirer des copies, vous vous excuserez alors de la manière la plus polie avec le défaut d'instruction là-dessus et de l'ordre positif que je vous avais donné pour m'en garder le secret le plus absolu. Je compte cette précaution pour nécessaire, parceque vous n'ignorez pas combien le secret risque en France3 et que je ne voudrais pas exposer le mien, afin de ne pas perdre le bon canal d'où des avis aussi intéressants que ceux-ci me sont parvenus, ce que je ne dis cependant que pour votre seule direction.

Au surplus, il ne vous sera pas malaisé à présent de pénétrer d'où le langage fier peut venir que les ministres anglais ont tenu en dernier lieu à ceux de la France relativement à l'affaire des prises,4 parceque ce sont justement les mêmes pièces que le dernier courrier de Guy Dickens leur a apportées.

Malgré cela, je suis toujours de l'opinion que le ministère anglais n'osera prendre sur soi, surtout vers le temps d'un nouveau Parlement, de charger la nation de subsides aussi forts et énormes que ceux que Bestushew leur demande, et qu'un objet d'environ 80,000 ou 100,000 écus tout au plus ne pourrait jamais balancer les frais d'une guerre qui dès la première année coûterait des millions en préparatifs de guerre et en



1 Im Concept des Mémoires steht von der Hand des Cabinetssecretärs: „,à chiffrer d'un des chiffres immédiats du lord Maréchal dont on ne se sert plus actuellement.“

2 Vergl. S. 23.

3 Vergl. Bd. IX, 381.

4 Vergl. S. 71.