5980. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
[Potsdam], 3 [août 1753].
Mon cher Milord. La scène de Voltaire et de la Denis doit vous apprendre qu'il ne faut juger personne sans l'entendre. Voltaire et la Denis ont fait tant de frasques à Francfort qu'ils se sont attiré de la part de Freytag tous les mauvais traitements qui leur sont arrivés.31-3 Voltaire, armé d'un pistolet, a voulu tuer le secrétaire du résident, et la Denis a voulu réclamer l'autorité impériale contre l'arrêt que j'avais mis sur la personne de Voltaire. Toutes ces particularités me sont revenues depuis que je vous avais écrit. Si cependant Freytag avait été moins juridique dans cette affaire, et qu'il eût eu le bon sens de comprendre qu'il avait affaire à un fol et une folle, il aurait agi moins à la rigueur qu'il n'a fait. Le mal qu'il y a pour lui, c'est qu'il écrit<32> aussi mal que le poète écrit bien, et que la dame Denis peut faire valoir vis-à-vis la foule de ses amants de Paris les efforts qu'elle a employés pour sauver son honneur exposé aux entreprises audacieuses du sieur d'Arnaud. Pour moi, je suis bien aise que toute cette affaire soit finie; bien fin qui m'y rattrape. Adieu, mon cher Milord, je suis comme toujours votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy, août 3, 1753.“
31-3 Vergl. S. 14.