6118. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 27 novembre 1753.
Votre rapport du 17 de ce mois m'a été bien rendu. J'ai bien de la peine encore à me persuader qu'on ait accusé juste, quand on vous a appris que, malgré que la cour de Saxe insistât à l'accession du roi d'Angleterre, comme électeur, à la ligue du Nord,165-2 la cour où vous êtes voudrait bien cependant, s'il était possible, se dispenser de la garantie de ces États, qu'on regardait trop exposés. Comme cette anecdote me paraît des plus extraordinaires, vu que c'est proprement la cour de Vienne qui a été la promotrice principale de la ligue du Nord, et qu'il me paraît d'ailleurs que ce soit son jeu que d'y entraîner la Saxe, vous me rendrez un service essentiel, quand vous vous appliquerez a pénétrer plus loin cette circonstance et à l'approfondir au possible, afin de pouvoir m'instruire exactement combien elle est fondée ou non.
Autant que je puis présumer ici du dessein qu'on a d'assembler, l'année qui vient, un gros corps de troupes en Bohême,165-3 je crois qu'il se rapporte principalement à l'élection d'un roi des Romains qu'on voudra appuyer par là, et, le cas exigeant, la brusquer par la pluralité des voix. C'est aussi à quoi j'attribue l'indifférence avec laquelle la cour de Vienne voit sur le retardement du retour du baron de Beckers. Je compte, en attendant, sur les assurances que vous me donnez, de m'instruire exactement et à temps si ce corps s'assemblera et si cela se fera pour quelque chose de plus sérieux que l'exercice des troupes; mais dès que vous en serez informé, je voudrais bien que vous en avertissiez également alors le sieur d'Aubeterre, pour le mettre à même d'en informer sa cour.
Federic.
Nach dem Concept.
<166>165-2 Vergl. S. 140. 147.
165-3 Vergl. S. 158.