6143. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 7. December: „Je me suis rendu mardi dernier186-2 à Versailles pour m'entretenir avec M. de Saint-Contest | Potsdam, 22 décembre 1753. Après avoir appris par votre dépêche du 7 la façon dont M. |
sur le contenu des dépêches de Votre Majesté des 17 et 20 du mois passé.187-1 Mais n'ayant pas voulu manquer de faire ma cour au Roi, qui a été indisposé pendant plusieurs jours d'une petite fièvre de fluxion, j'ai chargé le baron de Knyphausen de parler à M. de Saint-Contest à ma place. Ce ministre a été fort aise d'apprendre qu'on eût substitué un autre mot à la place de celui d'étrange187-2 qu'on avait employé dans le projet du mémoire que Votre Majesté Se propose de faire remettre à Londres par le sieur Michell, lorsqu'il fera usage de la réplique qui a été communiquée à la cour de France en dernier lieu. Il ne saurait se décider sur le temps qui sera le plus propre pour présenter ces deux pièces au ministère britannique, parceque ce choix dépend de certaines combinaisons que personne ne saurait faire avec autant de sûreté que ceux qui se trouvent sur les lieux et qui sont à portée par conséquent de juger des dispositions du ministère et de la nation et de profiter des changements qui y peuvent arriver d'un moment à l'autre. Il croit donc que Votre Majesté ne saurait mieux faire que de Se rapporter, à ce sujet, au jugement du sieur Michell, qui pourrait se concerter là-dessus avec le duc de Mirepoix et remettre ces deux pièces de la manière qu'ils croiront être la plus favorable à la cause et aux intérêts de Votre Majesté. Quant à ce qui concerne l'opinion dans laquelle Elle Se trouve qu'il sera à propos de profiter à cette occasion pour renouer avec le ministère d'Angleterre la négociation qui est suspendue depuis quelque temps, M. de Saint-Contest n'est nullement porté pour cet avis, quoiqu'il soit résigné d'ailleurs à en agir comme Votre Majesté voudra. L'objection principale qu'il oppose à cette démarche, est que, tous les expédients que Votre Majesté a suggérés pour porter la France à accommoder ce différend, ayant été épuisés, et l'Angleterre les ayant rejetés tous, sans avoir témoigné le moindre penchant pour aucun,187-3 on s'attirerait infailliblement un refus en renouvelant les mêmes propositions et augmenterait la roideur et la | de Contest pense sur l'affaire de mes différends avec l'Angleterre, je veux bien revenir à son sentiment pour ne point faire de nouvelles démarches par rapport à quelque accommodement, jusqu'à ce que peut-être le ministère anglais fait remarquer plus de docilité à écarter cette pierre d'achoppement. Je suis d'autant plus déterminé de laisser aller ces affaires le train qu'elles voudront prendre et aussi bien que mal qu'elles peuvent, que mes lettres de Londres m'assurent que, quoique les ministres anglais seraient charmés de n'avoir plus ces différends sur les bras, et qu'une partie d'entre eux ne se soit livrée qu'avec répugnance aux arrangements des subsides à offrir à la Russie, malgré cela ils voudraient, dans les circonstances présentes peu favorables, ne point faire marcher d'un pas égal mes prétentions avec la levée de l'arrêt mis sur la dette de Silésie, mais exiger celle-ci pour préalable et prétendre qu'elle n'a rien de commun avec mes prétentions et que la légalité des tribunaux anglais n'en souffrait pas. Ce qui me confirme dans l'intention de laisser couler doucement cette affaire et prendre tel train qu'il pourra. Quant au nouvel expédient que M. de Contest voudrait que je fournisse à la France pour reprendre le fil de la négociation sans affectation et avec espérance de succès, j'avoue qu'après tous ceux que j'ai suppédités dans mes dépêches antérieures que je vous ai faites, je |
fierté du ministère britannique, qui ne manquerait pas d'attribuer un pareil empressement à des motifs pernicieux pour les intérêts de Votre Majesté et qui, dès lors, deviendrait moins traitable que jamais. Il voudrait donc que Votre Majesté voulût fournir quelque nouvel expédient à la France d'où elle puisse prendre prétexte de reprendre le fil de sa négociation sans affectation et avec espérance de succès. Il ne se présente aucun à son esprit dont il puisse se flatter qu'il convienne aux deux parties, et il croit d'ailleurs que personne ne saurait mieux réussir dans ce choix que Votre Majesté, non seulement par l'effet de Sa sagacité et de la supériorité de Ses lumières, mais aussi parcequ'Elle sait mieux qu'aucun autre comment et jusqu'à quel point Elle veut Se relâcher sur Ses droits. Il croit être sûr, au reste, que l'Angleterre ne se portera point à des extrémités et qu'elle n'a aucune envie d'enfreindre la paix et d'entreprendre une nouvelle guerre, qui — a-t-il ajouté — deviendrait bientôt générale en vertu des engagements qui subsistent entre le roi de Prusse et ses alliés. Il n'attribue même les ostentations que la Russie fait depuis quelque temps, à l'instigation de l'Angleterre, qu'à la peur qu'a le roi d'Angleterre que Votre Majesté ne tombe sur ses pays héréditaires en haine des différends qu'Elle a avec lui, et il conjecture que son but est uniquement de La contenir par là et non de L'attaquer.“ | n'en connais point de nouveau. Vous vous souviendrez que j'ai offert de payer préalablement le reste de la dette de Silésie avec ses intérêts et de me contenter, si après l'on payait à mes sujets lésés, soit publiquement soit sous main, la somme de 80,000 écus, que j'avais réduit à ceci comme mon ultimatum.188-1 Vous n'ignorez pas qu'en après encore188-2 je m'étais offert de mettre en dépôt toute la somme de la dette de Silésie qui reste à ma charge, à la France, pour qu'elle en agisse, selon qu'elle le trouverait convenable et conformément à ma dignité. Si tous ces moyens, à ce que M. de Contest vient de vous assurer, ont été proposés à l'Angleterre, et qu'elle les a rejetés tous, sans avoir témoigné le moindre penchant, comme il dit, pour aucun, j'avoue que je me trouve épuisé pour pouvoir en fournir de nouveaux. Au surplus, je me tranquilliserai d'autant plus aisément en ne faisant plus de démarche envers l'Angleterre, si elle, à ce que M. de Contest paraît être assuré, ne se veut point porter à des extrémités et qu'elle n'a aucune envie de rompre la paix. A cette occasion, je ne veux point vous cacher que je viens d'apprendre de fort bon lieu188-3 que, quand le sieur Guy Dickens à Moscou a reçu son courrier avec la réponse de sa cour sur le projet de la convention à faire que les ministres de Russie lui avaient donné, il a trouvé cette réponse, avec les sommes des subsides que l'Angleterre voudrait offrir, si peu satisfaisante aux ministres de Russie qu'il n'a pas osé d'en parler au chancelier Bestushew, et que, de concert avec le ministre autrichien Pretlack, il a pris sur soi d'attendre de nouvelles instructions de sa cour; anecdote que vous communiquerez confidemment à M. de Contest, en lui demandant le secret, avec qui vous vous entretiendrez |
d'ailleurs sur tout ce que cette ma dépêche contient, pour pouvoir m'en faire votre rapport. Federic. |
Nach dem Concept.
186-2 4. December.
187-1 Nr. 6106 S. 156; Nr. 6110 S. 159.
187-2 Vergl. S. 157 Anm. 1.
187-3 Vergl. 181.
188-1 Vergl. S. 55. 56.
188-2 Vergl. S. 108.
188-3 Vergl. S. 185 Anm. 1.