6171. AU PRINCE LOUIS DE WÜRTEMBERG A BERLIN.

Berlin, 12 janvier 1754-

Monsieur mon Cousin. J'ai reçu avec toute la sensibilité possible la lettre que Votre Altesse a bien voulu prendre la peine de me faire, et La prie de vouloir bien me permettre que, par un parfait retour de confiance et d'amitié, je m'explique naturellement sur les différents sujets qu'Elle y a compris.

Il ne me convient point d'entrer dans des choses autrefois passées, et qui regardent uniquement votre personnel, vu l'indépendance où vous vous trouvez à mon égard. Cependant, par la part sincère que je prendrai toujours à ce qui peut contribuer à votre gloire, tout comme à celle de votre maison, je ne saurais point vous dissimuler que des bruits assez publics ont couru à Vienne comme si vous aviez fait faire des ouvertures à la cour de prendre parti dans le service autrichien,214-2 et on commence à y dire que ce n'était que par l'impossibilité où ladite cour s'était trouvée de vous accommoder d'abord avec quelque régiment et des pensions, sur le pied que vous étiez établi en France, que vous aviez changé de sentiment. Mais, comme je connais assez combien il entre ordinairement de la médisance dans de pareils bruits populaires et combien ils sont incertains, j'aime toujours mieux de me fier sans réserve à ce que vous voulez me protester là-dessus,<215> ne souhaitant rien plus ardemment, sinon que la conduite de Votre Altesse soit toujours irréprochable et qu'elle ait approbation de toute l'Europe.

Quant aux bruits que j'apprends avoir couru par rapport à quelque dessein qu'on vous avait attribué relativement à Madame votre mère,215-1 je proteste à Votre Altesse que je les ai absolument ignorés jusqu'ici et que d'ailleurs j'y serais entré pour rien, n'ayant jamais eu envie de me mêler des affaires qui ne regardent proprement que l'intérieur des familles. Au surplus, je prie Votre Altesse de vouloir être parfaitement assurée que je m'occuperai toujours à ce qui pourra contribuer à la gloire et à la prospérité de Lui et de Sa maison, autant que l'amitié, le parentage et notre alliance le demandent, et que je serai avec des sentiments d'estime invariables, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin

Federic.

Nach dem Concept.



214-2 Vergl. S. 177.

215-1 Die bezügliche Stelle in dem Briefe des Prinzen Ludwig lautet: „J'apprends avec une douleur amère que, dans le temps même où je suis le plus sincèrement ami du Duc mon frère, et où je suis prêt à me sacrifier pour mon pays, on voudrait persuader à Votre Majesté que je projette de tirer ma mère d'un état où les circonstances et l'intérêt du Wurtemberg doivent faire taire tous autres sentiments.“