6220. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 19 février 1754.

Les deux dépêches que vous m'avez faites du 9 de ce mois, m'ont été fidèlement rendues, d'ont j'ai été extrêmement satisfait, par les particularités intéressantes et instructives que j'en ai apprises,248-1 de sorte qu'il ne me reste que de vous prier à vous donner tous les soins possibles, sans cependant trop exposer votre homme à quelque désastre, afin que je sois exactement informé du résultat de la négociation en Russie et de la manière dont la cour de Vienne s'y conduit.

Mes dernières lettres de Londres du 5 de ce mois m'apprennent que la cour y a enfin reçu des nouvelles de Moscou qui n'ont pas été conformes aux désirs du roi d'Angleterre, et que la Russie, ainsi qu'on l'avait craint à Vienne et que le ministre autrichien à Londres, le comte Colloredo, l'avait annoncé, n'avait pas pu accepter les conditions que le ministère anglais lui avait offertes248-2 pour le traité de subsides proposé par les ministres russiens et appuyé par ceux de Vienne. L'on m'ajoute que les ministres anglais étaient fort boutonnés sur la façon dont la cour de Moscou avait refusé les offres des Anglais, si elle marchande ou si la réponse était tout-à-fait déclinatoire; mais qu'il était certain que le Conseil du roi d'Angleterre n'avait pris encore aucune nouvelle résolution à cet égard et qu'il n'y avait pas même de l'apparence qu'on se réchaufferait si tôt pour la poursuite de cette affaire, tant que le ministre Pelham, qui tient les cordons de la bourse d'Angleterre entre ses mains et qui ne s'était livré au contre-projet du ministère anglais par rapport à la convention de subsides que bien à contrecœur, n'aurait pas des motifs plus pressants pour entrer dans de tels arrangements.

Au demeurant, mon ministre comte de Podewils vous fera par mon ordre au premier jour, et dès que le chiffre nouveau que vous<249> trouverez à la suite de ma lettre, vous sera parvenu, une dépêche relativement aux affaires de Pologne, pour s'expliquer avec vous là-dessus.249-1 C'est à vous que de vous expliquer sur les doutes qu'il vous proposera; mais ce que je vous recommande à ce sujet, c'est d'éviter soigneusement dans vos réponses au département des affaires étrangères de n'y faire rien apparaître qui puisse donner les moindres soupçons sur l'homme confident et sur le canal dont nous avons heureusement tiré jusqu'à présent tous ces avis et ces nouvelles d'importance; vous ne ferez même aucune mention nommément de l'instruction secrète du comte de Flemming que nous tenons entre nos mains.249-2 Il m'importe trop de tenir le secret dudit canal entre aussi peu de mains qu'il est possible, et qu'on ne s'en doute de rien là-dessus.

Au reste, je vous envoie encore ci-clos un nouveau chiffre de ma part, afin de pouvoir vous en servir tour à tour, dans votre correspondance immédiate à moi, avec celui dont vous vous êtes servi jusqu'ici à cet égard, afin de désorienter d'autant plus les curieux impertinents.

Federic.

Nach dem Concept.



248-1 Seinen durch einen Courier übersandten Berichten vom 9. Februar hatte Maltzahn beigeschlossen den von dem Könige verlangten Bericht Funcke's an Brühl vom 6. December 1753 (vergl. S. 227) mit folgenden Beilagen: „Reponse faite par M. de Guy Dickens, à la conférence du 28 octobre/8 novembre, où l'on demanda à ce ministre s'il n'avait pas encore reçu de réponse de sa cour sur les dépêches qu envoya d'ici déjà dans le mois de juillet passé“ (vergl. S. 41); „Note“ (Rückäusserung des russischen Ministeriums auf Guy Dickens' Antwort); „Copie de deux lettres de M. Guy Dickens à M. de Funcke“ , Moscou 9/20 novembre 1753, Moscou 19/30 novembre 1753; „Extract der an den Russisch-Kaiserlichen Botschafter Grafen von Keyserlingk de dato 16. Decembris 1753 unter des Grafen von Kaunitz Unterschrift hinausgegebenen Declaration.“

248-2 Vergl. S. 192.

249-1 Vergl. Nr. 6213 S. 244.

249-2 Vergl. Bd. IX, 454.