6429. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A COMPIÈGNE.
Potsdam, 13 août 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 1er de ce mois, m'a été fidèlement rendue. Ne prenez pas pour de simples conjectures ce que je vous ai marqué au sujet du sieur de Bussy,403-2 mais comptez pour vrai ce que je vous ai dit pour votre direction par rapport à son inclination. Songez seulement à bien cultiver son amitié. Quand je croirai nécessaire, je lui ferai faire par vous quelque présent, par exemple de quelque bague garnie de diamants de la valeur de 2,000 écus à peu près; vous expérimenterez peut-être alors qu'il vous laissera la bague et acceptera sa valeur en argent.
Quant au projet de déclaration concernant le différend de Knyphausen,403-3 je vous renvoie aux instructions que mes ministres vous feront à ce sujet, et vous dis, en attendant, que je n'ai point hésité d'accepter le projet de la déclaration tel que les ministres de France l'ont envoyé au chevalier de La Touche par un courrier qui lui est arrivé depuis quatre jours. Comme la cour de Copenhague en sera bien contente et qu'elle a été d'ailleurs dans la meilleure intention du monde de prendre des liaisons avec moi, elle y sera bien confirmée par l'évènement de la grossesse de la grande-duchesse de Russie,403-4 qui lui a été vérifiée, de sorte que je suis assuré que, pourvu que les ministres de France, comme vous le leur insinuerez, feraient instruire M. d'Ogier de mettre en opposition à la cour susdite cet évènement, elle ne fera nulle difficulté plus d'entrer en affaire et de conclure avec moi.403-5
Entre tout ce que la nomination de M. de Rouillé aux affaires étrangères a produit de changement dans le ministère de France, rien<404> ne m'a fait plus de plaisir que la nomination de M. de Séchelles à la charge de contrôleur-général des finances. Je le connais depuis assez de temps,404-1 et j'ai toujours eu lieu de me louer des sentiments qu'il a marqués à mon égard, de sorte que je crois que nous tirerons bon parti de lui dans le conseil de France. C'est aussi pourquoi mon intention est que vous chercherez l'occasion pour lui faire un compliment de félicitation bien affectueux de ma part, en ajoutant que, dans quelque poste que je le trouvais, mon estime pour lui avait toujours été sans égale. Au surplus, j'ai de bonnes raisons qui me font juger que tout ce changement dans le ministère de France ait été principalement de l'intrigue du prince de Conty, et qu'il aura en conséquence beaucoup d'influence dans les affaires, de sorte que je crois convenir à mes intérêts que vous tâchiez à vous procurer sa connaissance et gagner sa confiance.
Pour ce qui regarde l'évènement de la disgrâce du marquis d'Ensenada, vous vous informerez bien de l'effet que cette révolution dans le ministère espagnol saurait produire, et me manderez si ceux en faveur desquels le roi d'Espagne a disposé des différents départements, sont bien intentionnés pour la France ou s'ils ont du penchant pour l'Autriche et pour l'Angleterre.
Federic.
Nach dem Concept.
403-2 Vergl. S. 393.
403-3 Vergl. S. 366.
403-4 Vergl. S. 369.
403-5 Vergl. S. 388.
404-1 Vergl. Bd. II, 508.