6522. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
[Potsdam], 16 [novembre 1754].
Vos dépêches du 1er et du 5 de ce mois m'ont été bien rendues, et je vous sais parfaitement gré de toutes les particularités intéressantes dont vous m'y avez instruit. Quant à ce que la Reine, ma sœur, vous a insinué [concernant] un emprunt de 100,000 écus pour en seconder ses vues, je serai bien [aise] que vous lui fassiez habilement remarquer qu'en premier lieu il ne lui faudrait point une somme aussi forte que celle-là, puisqu'on n'ignorait point que la France n'avait jamais employé au delà de 8 à 10,000 écus pour parvenir là à ses desseins, [somme] à laquelle elle avait ajouté quelquefois de petits présents en vins ou en bas de soie, qu'on n'avait pas refusé d'accepter; qu'en second lieu, comme cette dépense était assez médiocre, j'estime qu'on pourrait bien la ménager sur les revenus ordinaires du Roi, d'autant plus que ce ne serait proprement qu'une avance qu'on ferait.
Qu'en troisième lieu j'étais absolument persuadé que la Reine ne réussirait jamais pour rendre la Diète favorable à la cour par le moyen des trois ordres470-1 en ne s'embarrassant pas de la Noblesse, mais que c'était plutôt celle-ci par où il faudrait commencer pour se l'attacher, vu qu'en la négligeant, celle-ci ne manquerait jamais de trouver de l'appui auprès des cours de Russie et de Danemark, et qu'en conséquence la cour de Suède ruinerait absolument ses affaires à la Diète, si elle pensait prendre un autre chemin, ne pouvant pas manquer alors qu'on bornerait l'autorité royale plus que jamais. Voilà ce que vous tâcherez au mieux de faire comprendre à ma sœur.
Federic.
Nach dem Concept. Das Datum ergiebt der Bericht Maltzahn's, Stockholm 29. November.
<471>470-1 Geistlichkeit, Bürgerstand und Bauernstand.