6546. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 7 décembre 1754.
J'ai bien reçu vos dépêches du 22 et du 25 du novembre dernier, que j'ai trouvé être écrites tout comme je les désire pour m'en pouvoir servir utilement. Je ne sais pas si M. de Rouillé n'est un peu trop confiant aux sentiments pacifiques que le roi d'Angleterre et son ministère font apercevoir présentement par rapport aux différends qui subsistent entre la France et l'Angleterre. Ceux qui connaissent ce pays-ci, m'ont assuré que ce n'est pas toujours de la première harangue qui se fait à un Parlement convoqué qu'on peut juger des suites, et qu'ordinairement l'on n'aime pas de débuter d'abord par les subsides qu'on en veut obtenir.485-2 Et comme, en attendant, le ministère anglais soutient les mêmes principes à peu près qu'il a adoptés dès le commencement de ces différends, et que, de plus, il tient une flotte prête pour l'envoyer dans ces parages, je crains qu'on ne fasse perdre par l'envoi de cette flotte aux Français la supériorité qu'il y ont gagnée, et qu'on ne les chasse de leurs nouvelles possessions, ce qui obligerait la France à y envoyer d'autres secours et pourrait peu à peu malheureusement transporter la guerre en Europe, contre le gré même des deux partis.
Voilà des réflexions que je ne fais que pour votre direction seule, afin que vous ne perdiez point de vue ces affaires, qui, aussi peu intéressantes qu'elles puissent paraître à présent, sauraient devenir dans un temps de huit ou neuf mois très sérieuses.
<486>Pour ce qui regarde la cour de Danemark et son dessein de dis poser le grand-duc de Russie à lui troquer le pays de Holstein contre l'Oldenbourg et Delmenhorst, je crois qu'elle reviendra bientôt de cette illusion et qu'elle en sera peut-être déjà détrompée, quand elle aura appris les circonstances d'un présent de 100,000 roubles que l'impératrice de Russie a fait au Grand-Duc, circonstances sur lesquelles j'ai ordonné à mon ministère de vous en expliquer tout le détail dans leur dépêche ordinaire.486-1
Federic.
Nach dem Concept.
485-2 Vergl. S. 482.
486-1 Vergl. S. 483.