<10> ce qui avait dépendu de lui, et de laisser à ceux qui jetteraient sa cour dans quelque embarras fâcheux, en fomentant de gaieté de cœur des dissensions aussi dangereuses, le soin de l'en tirer; et que, d'ailleurs, le résident Obreskow aurait de nouveau un ordre absolu de remettre à la Porte la note qu'on lui avait adressée au mois d'août dernier, du contenu de laquelle je crois vous avoir déjà informé par une de mes dépêches antérieures.1
Tout ceci ayant donné au ministre anglais de vives inquiétudes, il avait fait agir un des amis des plus confidents2 du Chancelier pour lui représenter vivement combien il importait que lui, Grand-Chancelier, écoutât sans délai les remontrances du ministre anglais, et tout le danger qu'il y aurait, selon de nouvelles lettres que Guy Dickens avait reçues du sieur Porter, de laisser subsister le différend en question. Le comte Bestushew y avait répliqué froidement qu'il connaissait parfaitement par les relations d'Obreskow la situation de cette affaire. Sur quoi, l'ami du Chancelier lui a répondu qu'apparemment le sieur de Porter était mieux au fait que le sieur Obreskow de la façon que la cour ottomane pensait sur cette affaire, vu que les ministres turcs s'étaient principalement expliqués à lui, Porter, à ce sujet, et que celui-ci avait marqué au sieur Guy Dickens que le premier drogman de la Porte lui avait dit que, quand on aurait une fois donné des ordres précis à l'armée, il ne serait plus au pouvoir des ministres turcs, comme ailleurs, de les révoquer, parcequ'alors on n'écoutait plus le Sultan ni ses ministres, mais uniquement les janissaires et les soldats qui étaient les maîtres, et qu'outre cela le ministère ottoman avait dit à lui, Porter, rondement qu'un refus de la part de la Russie ou une réponse qui ne serait ni catégorique ni satisfaisante ou simplement dilatoire, seraient également regardées à la Porte comme une déclaration formelle de guerre, ce qui déterminerait infailliblement la Porte à contracter enfin les engagements que d'autres puissances lui avaient proposés depuis deux ans, qui seraient autant avantageux à la Porte qu'ils seraient pernicieux à la Russie et à ses alliés; enfin, que, par toutes ces considérations, il importait à lui, comte Bestushew, d'écouter les remontrances du sieur Guy Dickens et de les faire valoir, ou bien de permettre qu'il s'adressât directement au Vice-Chancelier. Sur quoi, le Chanceher, ayant pris soudainement feu, avait répondu avec emportement qu'il n'en ferait absolument rien, qu'il ne verrait point Guy Dickens, ni ne consentirait qu'il parlât à Woronzow, afin qu'on ne saurait publier que c'était lui qui avait engagé Guy Dickens à faire cette démarche. Mais l'ami du Chancelier ayant apaisé son emportement, celui-ci est convenu ensuite qu'il adresserait encore directement â l'Impératrice des représentations très fortes pour faire cesser les travaux à la fortification de Sainte-Elisabeth, en lui indiquant comment on pourrait le faire encore sans honte, et qu'il espérait que ses réflexions, en donnant des appréhensions à la Czarine, feraient impression sur son
1 Vergl. Bd. X, 443.
2 Funcke.