<107> n'aimera pas de rétablir la paix. Quoique je voudrais bien que vous fassiez quelque insinuation à M. de Rouillé sur ce sujet, il faut néanmoins que vous le fassiez bien adroitement et avec tout le ménagement possible, pour ne pas donner lieu à ce ministre de me soupçonner injustement que je voudrais augmenter l'aigreur entre la France et l'Angleterre et souffler le feu.1 Mais, en cas que cette insinuation saura se faire par vous, vous ajouterez que, pour que la France puisse faire une pareille entreprise avec succès, il faudrait que cela se fît incontinent après la déclaration de la guerre du roi d'Angleterre et sans biaiser, avant que celui-ci puisse gagner le temps pour assembler force de troupes de ses alliés pour pousser la guerre au Rhin, en Italie et autre part contre la France. Je remets ceci à votre discrétion, afin que vous vous y preniez avec toute prudence possible.
Federic.
Nach dem Concept.
6720. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 5 avril 1755.
Le rapport que vous m'avez fait du 26 du mois passé de mars, m'a été rendu. Depuis le départ de la dernière lettre que je vous ai faite,2 je n'ai eu aucune nouvelle intéressante relativement aux affaires étrangères; ce qui ne m'empêche néanmoins pas de compter pour sûr que le roi d'Angleterre, et son ministère, est tout décidé de faire vivement la guerre à la France et qu'il médite de la rendre générale après les premiers coups; dessein dont il ne faudra plus douter, d'autant qu'on s'en aperçoit visiblement par les ordres que les ministres d'Angleterre aux cours de Pétersbourg et de Vienne ont eus d'insinuer à ces cours que, quand les choses seraient portées à l'extrémité avec la France, l'Angleterre n'hésiterait plus d'entrer alors avec lesdites cours et d'autres puissances encore dans des engagements subsidiaires, pour peu qu'on y prévît la nécessité.3 Il m'est revenu, d'ailleurs, par un bon canal4 que le chevalier Williams s'est informé auprès de la cour de Saxe après le contingent, au cas de rupture avec la France, avec tant de vivacité que la cour mentionnée, à ce qu'on m'avertit, a actuellement nommé le général de Minckwitz pour commander les 6,000 Saxons qu'on doit fournir en conséquence du traité de subsides avec l'Angleterre.
Au surplus, je crois bien qu'il n'est pas tout-à-fait agréable à la cour où vous êtes que cette guerre éclate à un temps où elle se trouve embourbée par les révoltes en Hongrie et où, d'ailleurs, elle est dans fortes appréhensions par rapport aux desseins de la Porte, et je suis
1 Vergl. S. 93.
2 Nr. 6715.
3 Vergl. S. 106.
4 Bericht Maltzahn's, d. d. Dresden 28. März. Vergl. Nr. 6718.