6751. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 22 avril 1755.
Les dépêches que vous m'avez faites du 4 et du 8 de ce mois, m'ont été fidèlement rendues. Si ma sœur continue à insister auprès de vous que j'écrive en France pour savoir la façon de penser de la cour de Versailles aux affaires de Suède,1 priez-la de se patienter làdessus, vu que cette cour est si occupée à présent par ses différends avec l'Angleterre, dont elle est menacée d'une guerre ouverte par mer et en Amérique, qu'elle ne songe guère à d'autre chose et aux préparatifs qu'il faut qu'elle fasse pour repousser l'assaut, de sorte que je trouve moi-même toutes les difficultés pour lui faire parler des affaires qui me regardent directement. Faites-lui envisager, d'ailleurs, combien ce moment présent où la guerre entre la France et l'Angleterre va éclater, est peu propre pour que la cour de Suède songe à quelque changement de la forme de gouvernement établie jusqu'à présent en Suède,2 et s'il n'est pas de la prudence de laisser dormir à la Diète future en Suède les différends entre le Roi et le Sénat. Il faut bien prendre en considération que l'Angleterre fait travailler à présent à Pétersbourg pour conclure sa convention de subsides avec la Russie,3 et que, si une fois la guerre commence entre l'Angleterre et la France, elle ne laissera pas de devenir générale, qu'il conviendra donc à la cour de Suède de laisser passer tranquillement la Diète de cette année-ci et de voir les évènements qui arriveront pendant la guerre qu'on est à la veille de voir éclore. Que, si ces évènements sont heureux pour la France, ce sera alors le temps convenable pour que la cour de Suède puisse frapper son grand coup, mais qu'il ne faudra point remuer avant cela. Au surplus, vous finirez en recommandant encore avec instance à ma sœur de se méfier des gens qui paraissent être attachés présentement à la cour, et de songer toujours que ces gens-là n'ont que leurs intérêts particuliers en vue et qu'ils ne laissent que trop entrevoir que ce sont eux qui veulent gouverner à leur gré la cour, au lieu que celle-ci devrait gouverner ceux-là.4 Je me remets sur votre prudence et savoir-faire afin que vous représentiez bien toutes ces vérités à la Reine, de sorte que, sans la choquer, elles fassent de l'impression sur son esprit.
Federic.
Nach dem Concept.
6752. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 22 avril 1755.
J'ai bien reçu votre rapport du 12 de ce mois, au sujet duquel je vous recqmmande encore d'être attentif sur tout ce qu'on dira là où
1 Vergl. S. 124.
2 Vergl. S. 100.
3 Vergl. S. 127.
4 Vergl. S. 116.