<166> tirer au sort. Il aurait été à souhaiter que l'Ambassadeur ne se fût pas distingué dans cette occasion où personne n'a manqué de profiter de la permission que la Reine a donnée, d'autant plus que les sénateurs et les ministres étrangers du second ordre ne songeaient à lui disputer le rang, et qu'il n'aurait point commis son caractère en tirant au sort dans une occasion où tout s'est fait sans étiquette. La Reine m'a marqué, quoiqu'avec beaucoup de modération, le mécontentement qu'elle avait de la conduite de l'Ambassadeur. Sa Majesté, en lui faisant savoir par le comte d'Ekeblad qu'il pouvait venir à Drottningholm, lui a fait dire en même temps quel arrangement elle serait obligée de faire à cause du peu de place qu'il y avait dans les appartements où l'on soupait. L'Ambassadeur a fait répondre à la Reine qu'il regardait la permission que Sa Majesté voulait bien lui donner, comme la plus grande grâce qu'il pût recevoir; mais qu'il mettait l'honneur de manger à la table du Roi à un si haut prix qu'il ne pouvait pas le commettre au hasard du sort. La Reine1 me dit à ce sujet qu'il lui paraissait que l'Ambassadeur aurait pu venir à Drottningholm à un jour de naissance du Roi et se retirer avant le souper, s'il ne voulait pas tirer au sort; mais que, d'ailleurs, il aurait bien dû se reposer sur elle qu'elle ferait arranger les choses de façon que le sort l'eût placé à la table du Roi.2 J'ai été fâché de n'avoir eu rien à répondre à la Reine pour disculper l'Ambassadeur, qui, sachant qu'il y a des gens qui ne demandent pas mieux que de donner à la Reine des impressions peu favorables sur son sujet, aurait dû faire son possible pour ne leur point donner occasion de le blâmer avec raison.
Nach dem Concept.
6812. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 26 mai 1755.
J'ai reçu votre dépêche du 17 de ce mois. Je n'ai jamais douté, à ce que vous vous souviendrez,3 que les révoltés en Croatie ne dussent plier, dès qu'ils verraient qu'on agirait sérieusement avec eux, étant sans appui et sans secours. En attendant, je vous saurai gré, quand vous continuerez de veiller attentivement sur ces choses, afin de pouvoir m'instruire sur quel pied elles s'accommoderont, et s'il ne restera pas du levain dans l'esprit de cette nation.
1 In dem Berichte Maltzahn's, Stockholm 16. Mai, lautet das folgende: „La Reine me dit à ce sujet que, de la façon dont l'Ambassadeur agissait, on ne pouvait faire autrement que de le laisser aller; qu'il lui paraissait qu'il aurait pu venir a Drottningholm“ etc.
2 In dem Berichte Maltzahn's folgt hier: „La Reine ajouta qu'elle voulait bien me dire, à moi, qu'il y avait de la tromperie dans les billets qu'on tirait, et que, afin que tout le monde fût content, elle avait fait arranger les choses de façon que des sénateurs et des ministres étrangers mariés il y eût ou la femme ou le mari qui soupaient avec le Roi.“
3 Vergl. S. 65.