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ne voudrait pas, malgré cela, s'endormir à cause de ces délais et qu'on confirmait de toute part que l'escadre de 17 vaisseaux de ligne que l'on venait de mettre en iner, courra tout de suite sur les Français pour leur frapper un coup mortel, avant qu'ils eussent le temps de se reconnaître; qu'il n'y était plus question de ménagement, qu'on sentait l'impossibilité d'éviter la guerre en Europe avec la cour de France et qu'on voulait la pousser à toute outrance; qu'on avait même le dessein que, si la France différait encore quelque temps de rompre avec l'Angleterre, de le faire les premiers, d'abord que le roi d'Angleterre serait de retour à Londres, ce qui serait dans le courant de ce mois, les dernières lettres d'Hanovre ayant marqué qu'il s'était prêté aux désirs des régents et déterminé à revenir incessamment, sans avoir cependant encore fixé le jour de son départ. Qu'en attendant l'on continuait à se flatter que les négociations subsidiaires pour fortifier le parti de l'Angleterre sur le continent de l'Europe, prendraient un tour favorable, qu'on avait fait de grosses remises en argent à Pétersbourg,1 que tout cela coûterait de fortes sommes, mais qu'on ne s'en souciait pas; que, si la Hollande persistait à ne pas vouloir augmenter ses troupes et à vider les barrières les plus voisines de la France,2 on s'en consolerait et se proposait qu'en cas que la France entamerait la guerre de ce côté-là, de faire venir tout de suite aux Pays-Bas un corps de troupes d'Hanovre et de Hesse-Cassel, joint à un autre corps que la cour de Vienne y enverrait, outre celui qui y est déjà, et qu'on lui paierait de quoi pouvoir tenir la campagne et se défendre, en abandonnant les places les plus exposées aux frontières de la France; que c'était sur cet arrangement qu'on s'était décidé, les autres ne viendraient que lorsque l'on verrait de quelle façon la France débuterait et que les négociations subsidiaires seraient conclues.

Du reste, [vous direz] au sieur de Rouillé que le choix que Sa Majesté Très Chrétienne avait fait du duc de Nivernois, pour me l'envoyer ici pour quelque temps, afin de me faire part de ses vues, m'était tout-à-fait agréable, de sorte que je souhaitais que sa dignité de duc et pair de France n'empêchât pas, comme je le conçois parfaitement, que nous le puissions garder ici plus longtemps. Il m'est revenu cependant la pensée à cette occasion qu'il y aura des précautions à prendre qu'à son passage pour ici, il ne lui arrive le même accident qui malheureusement arriva autrefois à M. de Belle-Isle, quand à son insu il passa le territoire d'Hanovre à Elbingerode.3

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. Bd. X, 106.

2 Vergl. S. 218.

3 Vergl. Bd. IV, 2. 3.