<255> on pourra les amuser en leur demandant des éclaircissements sur toute sorte de sujets, en faisant de ma part naître des difficultés etc. Mais, pour Dieu, ne montrez cette lettre-ci à personne, il vous importe, autant qu'à moi, que le secret reste entre nous deux. Dans le fond, je vois que le roi d'Angleterre a la peur bien chaude pour son électorat, et je commence à soupçonner qu'il n'est pas satisfait de la cour de Vienne, sans quoi il ne s'adresserait jamais à moi.
Toute cette affaire en général est fort embarrassante; mais avec du secret, de la patience et de l'adresse, j'espère que nous nous en tirerons à notre honneur. Je suis avec toute l'estime et l'amitié possible, mon cher Frère, votre fidèle frère et cousin
Federic.
Ayez la bonté d'embrasser ma chère sœur de ma part — et pour plus de sûreté, ayez la bonté de brûler cette lettre.
Nach der Ausfertigung.1 Eigenhändig.
6925. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 1. August: „On se persuade de plus en plus que les négociations subsidiaires que l'on pousse avec vivacité, tant en Russie2 qu'en Allemagne,3 tourneront favorablement, et l'on se flatte entre autres, bien que Votre Majesté ait des avis du contraire,4 que la cour de Vienne se prêtera à ce qu'on exigera d'elle; que les simagrées qu'elle peut faire, ne sont calculées que pour avoir plus d'argent, et que, dès que le comte Colloredo sera arrivé à Hanovre, ou il va muni d'amples instructions de la part de sa cour, on arrêtera sans beaucoup de difficulté quelque chose avec lui …Les ministres sont fort piqués d'avoir appris par les dernières lettres de France que cette cour commençait a prendre sa revanche sur eux en les taxant de n'avoir pas agi de bonne foi avec le duc de Mirepoix, tant à l'égard de la négociation que d'avoir assuré cet ambassadeur que l'amiral Boscawen n'avait pas ordre d'attaquer l'escadre française en Amérique et que le dernier engagement5 y était peut-être arrivé par mésentendu.“ 6 | Potsdam, 12 août 1755. J'ai reçu votre rapport du 1er de ce mois. Je suis très content des soins et de l'application que vous mettez à me bien instruire sur la façon de penser des régents et des ministres d'Angleterre, de même que sur leurs intentions pour soutenir efficacement la querelle contre la France. Mais il faut que, pour être entièrement au fait sur tout ceci, vous m'éclaircissiez les deux articles suivants encore, savoir en premier lieu quelles sont les idées des régents et des ministres anglais à mon sujet,7 quelles intentions l'on me suppute et ce qu'ils présument de la conduite que je tiendrais dans ces occurrences. Auquel sujet je demande que vous m'expliquiez tout naturellement votre sentiment, et de manière que je pourrai y |
1 Dieselbe wurde von dem Empfänger dem Könige wieder zugestellt. Vergl. S. 264.
2 Vergl. S. 196.
3 Vergl. S. 249.
4 Vergl. S. 216.
5 Vergl. S. 226.
6 Vergl. auch Nr. 6926.
7 Vergl. Nr. 6923.