<275> plus orgueilleux; témoin mes lettres de Londres,1 qui me marquent la sur prise où tout le monde y était de voir que la France ne marque aucun ressentiment proportionné à l'insulte qui lui a été faite,2 et que le ministère anglais n'en attribuait le motif qu'à la faiblesse de celui de France, qui n'était nullement en règle, ni ne saurait se démêler de son embarras.
Aussi, pour vous parler confidemment et sous le sceau du secret le plus absolu, je commence presque à soupçonner qu'il y en a, le bon Dieu sait qui, lequel, épris par les largesses d'Angleterre, fomente l'irrésolution et empêche qu'il ne soit adopté aucun système de fermeté et de vigueur dans le Conseil.
Quant à celui de vouloir rendre la guerre maritime,3 je pense que c'est justement là où les Anglais les attendent, qui, par leurs flottes qu'ils ont mises en mer, partout supérieures à celles de France, ne visent autrement qu'à battre les escadres françaises éparpillées en détail, de ruiner l'une après l'autre et d'écraser ainsi la marine de France.
Pour ce qui regarde l'Espagne,4 je me souviens du temps que je fis avertir fidèlement le ministère de France d'être en garde contre les machinations des Anglais et de la cour de Vienne qui travaillaient à détacher l'Espagne de la France,5 mais que tous ces fidèles avertissements furent négligés alors à mon grand regret.
Au reste, comme la cour se rendra dans le mois prochain à Fontainebleau, mon intention est que vous la suiviez dans ce voyage.
Federic.
Nach dem Concept.
6953. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 15. August: „On est informé par les dernières lettres du lord Holdernesse que la négociation avec la Russie allait son train et que l'on était déjà comme d'accord avec cette puissance, que l'on était pareillement sûr de réussir avec la Bavière, et que l'on espérait d'être aussi bientôt en règle avec la cour de Vienne et avec la Saxe. Voilà de quelle façon les ministres se sont expliqués avant-hier avec leurs amis, sans en donner d'autres détails et sans dire à combien monteraient ces négociations subsidiaires. Je crois toujours qu'elles coûteront beaucoup d'argent, mais enfin on y réussira … Comme il paraît, par les réflexions que Votre Majesté fait, 6 | Potsdam, 26 août 1755. Vos rapports du 12 et du 15 de ce mois m'ont été fidèlement rendus. Je serai bien aise que vous continuiez à m'informer, avec cette exactitude comme vous l'avez fait jusqu'à présent à ma satisfaction particulière, de la façon dont le ministère pense sur la France,7 et des arrangements qu'on prend contre celle-ci. Je m'attends, en conséquence, que vous me marquerez au premier jour ce que vous aurez pénétré au sujet des dépêches |
1 Bericht Michell's, London 15. August.
2 Vergl. S. 226.
3 Vergl. S. 268.
4 Knyphausen berichtet, Compiègne 14. August: „Il paraît que le mécontentement de l'Espagne contre la France subsiste en son entier, et qu'elle [l'Espagne] n'incline nullement à se déclarer en sa faveur.“
5 Vergl. Bd. IX, 99; X, 148.
6 Vergl. Nr. 6905 S. 233.
7 Vergl. N'r. 6952.