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7065. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Klinggräffen berichtet, Wien 25. October: „Je me confirme de plus en plus dans les remarques que je fais sur la conduite de cette cour-ci, ainsi que j'en ai déjà rendu compte plusieurs fois,1 qu'elle ne se livrera pas facilement aux desseins de l'Angleterre, mais attendra comment la France en agira aux Pays-Bas et envers l'électoral d'Hanovre : les deux seuls cas, où, moyennant de bons subsides, on se livrerait à l'Angleterre. La politique, en attendant, consiste à prendre des mesures pour tâcher de mettre les troupes dans le meilleur état qu'on peut, afin, dit-on, de n'être pas pris au dépourvu, ne sachant pas quelle tournure les affaires pourraient prendre. Ceci vient de bon lieu, mais n'est point encore du goût du sieur Keith. Aussi l'espèce de froid entre ce ministre et le comte Kaunitz n'est pas encore dissipée.2 Je ne perdrai jamais cet objet de vue. Les dernières lettres de Constantinople3 sont du Ier de ce mois. Elles annoncent un incendie, le plus grand qu'on ait eu. On compte au delà de 15,000 maisons, parmi lesquelles se trouve le palais du Grand-Visir, nombre d'autres palais et de mosquées consumés par le feu. Une compagnie entière des Janissaires, ayant été enveloppée par la flamme, a péri entièrement. Les archives ont été sauvées. L'incendie a duré 36 heures.“

Potsdam, 4 novembre 1755.

J'ai reçu votre rapport du 25 d'octobre dernier et estime que vous êtes sur la voie la plus juste de penser par rapport à la conduite de la cour où vous vous trouvez et sur le système qu'elle a pris dans les conjonctures présentes. Il faut avouer, cependant, que les affaires politiques de l'Europe se brouillent maintenant de plus en plus et qu'il est bien difficile de prévoir la tournure qu'elles prendront, avant que la nouvelle ouverture du Parlement en Angleterre ne sera faite,4 où sans doute il sera décidé de la guerre ou de la paix. En attendant, je suis persuadé que tout ce qui se fait présentement d'arrangements parmi les troupes autrichiennes,5 n'a d'autre but que de se tenir prêt à tout évènement, et que, dans le moment présent, l'on ne pense pas plus loin.

Pour ce qui regarde les nouvelles de Turquie, nous sommes ici présentement si peu au fait des affaires de ce pays-là que nous ne pouvons point juger ni sur les causes ni sur l'effet du dernier incendie à Constantinople, de sorte que nous ne pouvons porter aucun jugement sur les suites bonnes ou mauvaises qui en arriveront.

Le général major de Treskow m'a envoyé la dépêche du 25 que vous lui avez adressée. Soyez persuadé que je connais toute l'étendue de votre fidélité, de votre zèle et de votre attention pour moi et que je suis bien fâché que ces deux misérables domestiques que vous avez abandonnés, vous aient causé du chagrin. Quant au nommé Perleberg,6 j'estime que le plus convenable sera de le faire garder pour quelque temps encore dans l'arrêt ou il se trouve; après quoi, je le placerai en sorte qu'il ne saura jamais



1 Vergl. S. 209. 26S. 279. 315. 344. 357.

2 Vergl. S. 357.

3 Schreiben des schwedischen Gesandten Celsing in Constantinopel an den schwedischen Gesandten Barck in Wien.

4 Vergl. S. 352.

5 Vergl. S. 32S.

6 Vergl. S. 239.